Les étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa sont sortis hier pour une grande marche de protestation qui les a emmenés du campus de Targa Ouzemmour jusqu'au siège de la wilaya où un sit-in et des prises de parole des représentants des collectifs estudiantins ont été organisés. Ce mouvement de protestation, qui a bloqué durant toute la journée d'hier le centre-ville et le siège de la wilaya, occasionnant au passage de grandes perturbations dans la circulation automobile, a commencé il y a un peu plus d'une semaine. Les étudiants sont rentrés dans un mouvement de grève illimité et l'université a vu ses portes bloquées pour dénoncer des problèmes récurrents liés aussi bien au volet pédagogique qu'aux conditions de vie dans les résidences universitaires.Au tout début de leur protesta, il y a une quinzaine de jours, les étudiants ont organisé une première marche et bloqué la RN9 avant de déposer une plate-forme de revendications d'une trentaine de points ainsi qu'un préavis de grève adressés à toutes les autorités compétentes. Une autre marche organisée quelques jours plus tard a abouti au saccage complet des locaux de la direction des œuvres universitaires. Depuis, la tension n'a cessé de monter. Les promesses de dialogue des autorités n'ayant pas abouti, ce sont les portails de l'université qui ont été cette fois-ci définitivement bloqués par les étudiants. Selon des représentants des comités estudiantins qui encadrent la protesta, pour permettre de nouveau l'accès à l'université et empêché les étudiants de les bloquer, les responsables du campus ont procédé à la démolition pure et simple de ces portails. Hier encore, dans une déclaration rendue publique, la section locale du CNES dénonçait la politique de « pourrissement privilégiée par les pouvoirs publics » et appelait à « l'ouverture de négociations sérieuses autour des revendications sociopédagogiques contenues dans la plate-forme de revendications » des étudiants. Une autre déclaration de l'APW de Béjaïa, signée par son tout nouveau président, Hamid Ferhat, dénonçait également cette situation. « Les entasser dans des chambres dortoirs, leur servir des bourses de la honte, les affamer biologiquement et intellectuellement, c'est vouloir tuer l'avenir de ce pays », est-il écrit. En l'absence d'une volonté clairement affichée de la part des autorités d'ouvrir un dialogue sérieux et qui est revendiqué par la coordination universitaire des syndicats autonomes estudiantins, le bras de fer est apparemment appelé à s'inscrire dans la durée.