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Mathieu Guidère. Professeur à l'université de Genève et directeur de recherches à Saint-Cyr
« Le Maghreb est entré dans l'ère du terrorisme global »
Publié dans El Watan le 13 - 12 - 2007

Professeur à l'université de Genève et directeur de recherches à Saint-Cyr, Mathieu Guidère vient de publier Al Qaïda à la conquête du Maghreb, aux éditions du Rocher (septembre 2007). Il est aussi l'auteur de Les « martyrs » d'Al Qaïda, aux éditions du Temps (7 septembre 2006) et Le Manuel de recrutement d'Al Qaïda (avec Nicole Morgan, Seuil, 2007), entre autres ouvrages.
Est-ce la décennie noire qui se prolonge en Algérie ou alors le terrorisme, en Algérie, est-il entré dans une nouvelle configuration ?
Je crois que les « années noires » de l'Algérie sont derrière nous pour diverses raisons : d'abord, parce que les acteurs de la violence ne sont pas les mêmes, que les objectifs tactiques sont différents et que les modes d'action ont radicalement changé. En réalité, le Maghreb dans son ensemble - et pas seulement l'Algérie - est entré dans l'ère du terrorisme global, c'est-à-dire que l'islamisme radical algérien n'est plus isolé, mais intégré dans une configuration plus internationale qu'il soutient et dont il bénéficie.
Quels desseins poursuit Al Qaïda au Maghreb islamique (ex-GSPC) par les deux attentats d'Alger qu'il a revendiqués ?
Al Qaïda au Maghreb islamique a une stratégie claire qu'elle a explicitée dans ses documents de propagande. Consciente de son incapacité à s'attaquer au régime de façon frontale, Al Qaïda a adopté une stratégie indirecte de la terreur : créer un sentiment d'insécurité par des actions à répétition afin de faire fuir les (investisseurs) étrangers. L'objectif est bien d'atteindre les soutiens du gouvernement en attaquent leurs intérêts ou représentations sur place.
En ciblant des institutions des Nations unies, Al Qaïda Maghreb a-t-elle voulu signifier que c'est la communauté internationale dans son ensemble qui est visée ?
Oui, indéniablement. Al Qaïda au Maghreb islamique est farouchement opposée à la présence des représentants et des institutions de la communauté internationale, en particulier quand ils possèdent une dimension militaire ou financière. L'organisation les a déjà attaqués dans d'autres régions du monde (Irak, Afghanistan). Donc, il s'agit effectivement d'un signe dramatiquement grave envoyé à l'opinion internationale.
Y a-t-il une symbolique dans la date du 11 ?
Personne ne peut contester aujourd'hui que les attentats les plus meurtriers sont perpétrés le 11 de chaque mois dans divers pays. J'ai montré dans mon livre la symbolique attachée à ce chiffre à partir d'une étude détaillée des publications de la mouvance d'Al Qaïda. Il apparaît à travers cette étude, que depuis le 11 septembre 2001, toute une mythologie s'est développée autour du chiffre 1-1 (symbole de l'unicité pour les islamistes radicaux) et de la date (symbole de « baraka » parce qu'il y a eu destruction des tours jumelles). Dans tous les cas, la perception des personnes engagées dans le terrorisme suicidaire est irrationnelle mais largement partagée.
Pourquoi Al Qaïda s'implante-t-elle au Maghreb ? A quelles fins ?
Toujours selon la littérature jihadiste, il y a un double objectif : d'une part, fédérer les groupes islamistes radicaux suivant la logique de « l'union fait la force » ; d'autre part, absorber l'afflux des combattants partis en Afghanistan et en Irak au cours des dernières années. Dans les deux cas, l'objectif politique final est d'intégrer le Maghreb dans une entité supranationale de type « califat » mais suivant des modalités d'organisation qui font débat.
Que représente Al Qaïda au Maghreb islamique en termes de force de nuisance ? Qui sont les chefs de cette mouvance terroriste qui se réclame d'Al Qaïda ?
Al Qaïda est aujourd'hui la principale force de nuisance au Maghreb. Certes, elle ne représente pas grand-chose d'un point de vue numérique, mais elle a un impact sans équivalent sur le plan de l'opinion publique et des médias nationaux et internationaux. Les chefs de l'organisation sont issus des différents pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye) mais « l'émir » de l'ensemble confédéré est un Algérien qui porte le nom de guerre d'Abou Moussab Abdelwadoud. Là encore, la symbolique du nom fait partie intégrante de la propagande.
Qui sont les kamikazes ?
Si l'on se place dans l'optique du Maghreb dans son ensemble, il apparaît clairement pour l'instant que les kamikazes de chaque pays sont issus du terroir : des Marocains au Maroc, des Algériens en Algérie, etc. Il n'y a pas, comme en Irak par exemple, des kamikazes issus d'autres pays musulmans, même s'il existe des combattants étrangers dans les rangs d'Al Qaïda en Algérie. Sur le plan du « profil » à proprement parler, je crois qu'il faut affirmer clairement qu'il n'existe pas de « profil type » du kamikaze au Maghreb. Parmi les candidats déjà passés à l'acte ou déclarés dans la propagande d'Al Qaïda, on trouve des kamikazes de tous les niveaux et de toutes les origines, mais les motivations et les idéaux sont communs (sacrifice pour la « oumma »), du moins si l'on en croit la propagande officielle de l'organisation.
Les attentats suicide ne sont-ils pas le signe de l'échec du terrorisme des maquis qui a prévalu jusqu'ici en Algérie ?
Oui et non. Il s'agit plutôt d'une évolution. Certes, le maquis n'a pas permis aux terroristes d'atteindre leurs objectifs de base. Mais le recours aux attentats suicide indique surtout le passage d'un terrorisme périphérique (c'est-à-dire à la périphérie des villes) à un terrorisme qui se veut central (c'est-à-dire au cœur de la cité). Plus qu'un échec, c'est un changement de stratégie et une adaptation tactique à la nouvelle alliance créée avec les réseaux du terrorisme international.
Comment neutraliser cette nouvelle forme de terrorisme, les attentats suicide ?
Hélas, la tactique des attentats suicide est quasiment imparable. Mais il y aurait deux types d'actions à mener pour en limiter la fréquence et l'impact. D'une part, sur le plan logistique, il est important de pister et de couper l'approvisionnement en explosifs de toutes sortes, car il faut une logistique et un savoir-faire pour mener les attentats qu'on a vus. D'autre part, sur le plan idéologique, il est clair que le vivier des candidats au suicide ne peut se tarir sans une réelle action de conscientisation visant à « gagner les cœurs et les esprits », mais à travers de véritables idées fortes et non pas de simples actions de contre-propagande. Dans tous les cas, l'option militaire et sécuritaire est une solution d'appui et de soutien, car on ne fait pas l'opinion avec les armes ; l'Irak l'a largement démontré.
Les attentats du 11 décembre ne signent-ils pas une fin de non-recevoir sanglante de la politique de réconciliation nationale prônée par le président Bouteflika ?
Je crois que la politique de réconciliation nationale a eu le mérite d'intégrer un grand nombre d'islamistes radicaux qui, sans cela, seraient restés ou auraient rejoint de nouveau le maquis. Bref, cette politique – dans le prolongement de la concorde civile – a permis de mettre fin à la violence généralisée. Mais sur le fond, la difficulté provient du fait que les considérations de politique intérieure sont dépassées par la stratégie internationaliste de l'ex-GSPC. Dans ce cas, il est difficile de lutter localement contre une entité qui possède une expertise et des capacités de projection régionale, voire globale.


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