Le Caire, Abou Dhabi, Marrakech, Dubaï… pas un jour sans festival arabe. Est-ce le signe du nouveau look du cinéma arabe ? Il y a incontestablement un dynamisme qui s'insère dans le circuit des grands festivals internationaux. Dubaï (Emirats Arabes Unis). De notre envoyé spécial Le Festival de Dubaï paraît comme un nouveau outsider ambitieux et conquérant. Il y a à Dubaï autour de son directeur Abdelhamid Juma, un groupe de talentueux cinéphiles qui ont des appuis officiels et beaucoup de moyens, et qui veulent arriver à créer, en partant de rien, un Dubaï cinéma City pour attirer Hollywood et les producteurs européens. Un studio de 500 millions de dollars a ouvert ses portes. Wollywood peut être jaloux de ce nouveau joyau dans la région. Et les cinéastes émiratis vont pouvoir aller au bout de leurs projets. On connaît déjà ceux qui ont fait valoir leur talent ici, au Caire et dans d'autres manifestations : Hani Al Shaïbani, Ali Mostafa, Naïla Al Khaja, Walid Al Shahi… Le cinéma arabe est en force au Festival de Dubaï et obtient beaucoup de succès auprès du public. Plusieurs jours avant sa projection au Madinat Theatre, Chaos, de Youcef Chahine affichait complet. Une foule était en stand-by devant la porte dans l'espoir de trouver des places. Les œuvres de Kechiche, Bouzid, Hendawi, Khan ont attiré aussi des salles pleines, de même que la Maison Jaune de Amor Hakkar qui représente l'Algérie. A ce propos, Djamila Sahraoui est au jury et on peut compter sur son appui pour ce film de Hakkar qui traite avec finesse d'un sujet très délicat. Djamila avait remporté ici même l'an dernier, le grand prix (Jument d'or) et obtenu cash 50 000 dollars des frères émiratis. De quoi rembourser largement le budget de Barakat. Ce film n'est certes pas un grand film de cinéma, mais juste une histoire poignante avec des défauts de mise en scène. Mais on avait l'impression que le jury de Dubaï, l'an dernier, voulait primer une œuvre algérienne pour marquer le coup… A Dubaï, on a vécu une semaine de haute tension cinématographique. 150 films au programme, des rencontres, des affaires, des galas tous les soirs… Sur fond de gratte-ciel qui s'accrochent au ciel sans nuage, la manifestation s'est passée à Madinat Jumeirah sur le ravage du Golfe arabe.Tout un groupe de jeunes Emiratis cinéphiles et volontaires travaillent du matin au soir pour aider les participants, leur servir de guide ou de traducteurs. Chose inouïe : on parle 14 langues au Festival de Dubaï, l'ourdou, le bengali et des langues de tous les continents. Producteurs, distributeurs, programmateurs européens, américains, campent ici dans le luxe et espèrent trouver soit des subventions, soit des films. Dans le luxueux décor de Madinat Jumeirah, ils battent la semelle et rêvent un tas de pétro-dollars… Cela dit, les Emiratis orchestrent parfaitement leur manifestation. Un enjeu majeur pour eux, c'est créer ici à Dubaï une logistique d'envergure pour attirer les cinéastes arabes et d'autres pays qui ont du talent, et qui ont besoin de soutien. Une politique aux antipodes de celle de nombreux pays arabes (certes beaucoup moins riches) où le cinéma est encore un paysage quasi désert.