Ils n'étaient pas nombreux mais, par leur geste très symbolique, ils ont rendu hommage à toutes les victimes tombées, une semaine avant, en ce mardi 11 décembre 2007, à Ben Aknoun et à Hydra, à Alger, à la suite de deux attentats suicide. Quelques dizaines seulement entre militants de partis politiques, d'associations de familles de victimes du terrorisme, de syndicalistes, de moudjahidate ou de simples citoyens ont répondu à l'appel lancé en début de semaine écoulée par la société civile et à laquelle se sont joints des jeunes du centre commercial pour se recueillir à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, une semaine, jour pour jour, après les deux carnages. Le premier rendez-vous est donné devant le siège de la Cour suprême, en pleins travaux de restauration. L'heure est la même que les terroristes ont choisi pour frapper. 9h45. Des bougies sont allumées puis mises à l'endroit même de l'explosion, autour d'une grande gerbe de fleurs. Des chants patriotiques, tels que « Min djibalina » (De nos montagnes), « Djazaïr horra démocratia » (Algérie, libre et démocratique), sont repris, créant une atmosphère très lourde et une grande émotion parmi les manifestants. Policiers, agents de la Protection civile, activistes du Croissant-Rouge et de la solidarité se sont joints à la cérémonie, certains les larmes aux yeux. Une militante du Mouvement démocratique et social (MDS) explique que cette action a été menée pour exprimer « à toutes les familles des victimes de la traîtrise qu'elles ne sont pas seules dans leur deuil. Ceux qui ont payé de leur vie sont les enfants de l'Algérie et l'Algérie entière souffre de leur mort ». Mme Cherifa Kheddar, présidente de l'association Djazaïrouna, de Blida, estime que « les discours des bombes sont utilisés par les groupes terroristes pour jeter à la figure de ceux qui veulent donner des primes aux criminels et les réhabiliter dans le cadre de la politique de la réconciliation. Ceux qui veulent arracher la page de la décennie rouge de sang ». Mme Kheddar précise que les derniers attentats replongent les familles des victimes du terrorisme dans l'angoisse et la douleur, mais leur rappellent « qu'elles ne sont pas seules et que la politique de la réconciliation a atteint ses limites ». Mme Fatma Zohra Flici, présidente de l'Association nationale des familles des victimes du terrorisme, et également membre de la Fédération internationale des familles des victimes du terrorisme, estime pour sa part que sa participation à cette manifestation sous les deux casquettes est un message de solidarité et de compassion avec les victimes des hordes sauvages. Avant de se séparer pour rejoindre Hydra, où un autre attentat kamikaze a ciblé la représentation onusienne, 5 minutes seulement après le premier, les participants à cette cérémonie se sont entendus pour « coordonner les efforts et se réunir pour trouver une solution à même de mettre un terme à la politique d'impunité ». Devant le siège en ruine des bureaux du Pnud et du HCR, à Hydra, les manifestants ont raté de quelques minutes la courte visite du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Ce dernier s'est déplacé en personne sur les lieux pour s'enquérir des dégâts occasionnés à l'institution qu'il dirige. Le même rituel est observé par les manifestants. Une grande gerbe de fleurs, des bougies allumées sous les chants patriotiques, en présence de quelques habitants du quartier, qui n'ont pas hésité à prendre part au recueillement. Très émus, certains n'ont pu retenir leurs larmes. La douleur est encore trop vivace pour rester insensible à cette tragédie. A la fin, les manifestants se sont engagés à se réunir durant cette semaine pour dégager les premières actions à prendre pour répondre « non seulement aux semeurs de la mort, mais également à ceux qui leur promettent l'impunité ».