Boudouaou est l'une des plus grandes villes de la wilaya de Boumerdès, à l'instar de Bordj Menaïel et Khemis El Khechna. Comme ces dernières, l'ex-Alma a son lot de problèmes qui l'ont tirée de sa quiétude d'antan, sans lui offrir les compétences et les moyens pour affronter son dur quotidien. « Les responsables sont là pour jouir des privilèges que leur offrent leur poste, sans jamais faire l'effort nécessaire pour améliorer la situation », nous disent, désarmés, les habitants de Boudouaou. En effet, comme toutes les villes algériennes, cette dernière subit les méfaits d'une extension « sauvage ». « Depuis l'indépendance, des maisons viennent se greffer à d'autres qui existaient déjà pour former un patchwork où se mêlent toutes les bizarreries architecturales, sans qu'il y ait aucune autorité pour y mettre le holà », témoigne un habitant de la ville. « On ne s'est soucié ni du présent ni de l'avenir de la ville ; encore moins de son passé, car on aurait pu garder Boudouaou comme un petit village bâti par les colons comme vestige historique et aller construire carrément une nouvelle ville ailleurs », ajoute notre interlocuteur. H'laïmia, un no man's land Dans la périphérie immédiate de la ville, au sud, sur la route de Ouled Moussa, un nouveau quartier a émergé durant les 15 dernières années. Grand comme une petite commune, car abritant plus de 10 000 habitants, ce quartier n'a pourtant de nouveau que l'anarchie dans laquelle il se débat. Constructions inachevées, route principale exiguë et défoncée, ruelles desservant les différents îlots, non revêtues, insalubrité, manque de transport ; voilà ce qui caractérise ce « côté oublié de Boudouaou », comme vous le diront ses habitants. « Au-delà de l'autoroute en allant vers le sud, ce n'est plus Boudouaou. C'est plutôt un no man's land. Ni autorité communale ni daïra, ni wilaya ni gendarmerie, ni police… rien ! Nous sommes tout simplement ignorés, mais nous nous ferons entendre, vous allez voir. Les élus ne viennent nous voir que lorsqu'il s'agit de glaner des voix pour gagner les élections. Pourquoi n'a-t-on pas fait à Benadjal et H'laïmia ce qu'on a fait au Plateau ? Des trottoirs en carrelage lorsque ici nous nous débattons dans la boue. Regardez dans quoi on circule », nous disent des jeunes groupés au niveau du petit espace de la mosquée du quartier, en désignant du doigt la route boueuse, les flaques d'eau noirâtre qui stagne et les différents objets qui jonchent les petits espaces servant de trottoirs. « Où est l'Etat ? », disent-ils. Pourtant, H'laïmia aurait pu être tout le contraire de ce qu'il est. Habité essentiellement de gens aisés qui ont pu s'offrir des terrains et bâtir des villas, le quartier était bien parti pour être à la hauteur de l'argent qui y a été investi, mais dommage que l'Etat n'a établi aucune réglementation concernant la construction. « Les bâtisses non achevées ne devraient pas être exploitées pour le commerce et autre activité...Car les gens ont généralement réalisé les rez-de-chaussée pour les céder en location et ils ont abandonné le reste des travaux. Pourvu que cela rapporte. Mais ceci a défiguré le quartier et ne peut que lui conférer un aspect hideux. Les pouvoirs publics doivent trouver un moyen d'intervenir pour faire de nos villes de véritables centres urbains », disent les habitants. Le transport est un autre problème que soulèvent les habitants. « Il n'existe pas de ligne entre notre quartier et le centre-ville. Ce qui nous expose au diktat des transporteurs desservant Ouled Moussa. Le matin, lorsque les bus arrivent déjà bondés d'Ouled Moussa, nous trouvons d'énormes difficultés pour rejoindre une localité avoisinante. Pourquoi n'autorise-t-on pas les gens à desservir H'laïmia ? Les transporteurs nous entassent les uns sur les autres dans les fourgons ou les bus. Allez prendre le bus vous-même et vous allez voir qu'ils ne cessent jamais de charger, de marquer des arrêts à chaque fois là où ils veulent, et si jamais vous protestez, ils vous répondent qu'ils feront ce qu'ils veulent et que vous n'avez qu'à descendre si vous êtes mécontents. Déjà que les véhicules utilisés pour cette ligne sont vieux et vétustes, d'un autre âge. Tout cela est provoqué par la bureaucratie qu'exercent les services des transports et les responsables d'une manière générale », fulmine un jeune qui en avait gros sur le cœur. En attendant, les habitants espèrent que les nouveaux élus se battront pour le bien de la commune. Bien que la majorité ne s'attend pas à des miracles. « Tant que l'Etat est démissionnaire, il ne faut pas trop espérer », tranchent, sceptiques, les habitants.