Albert Arnold Gore, malheureux candidat à la présidentielle américaine, ne pouvait recevoir meilleur cadeau. Colauréat du prix Nobel avec le GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), M. Al Gore prend sa revanche ainsi sur celui qui l'a battu. L'Académie Nobel d'Amsterdam a salué les efforts menés pour « mettre en place et diffuser une meilleure compréhension du changement climatique causé par l'homme. » Cible expiatoire du récipiendaire : l'Administration Bush. Dans son livre, Une vérité qui dérange, comme dans le documentaire éponyme oscarisé, il tombe à bras raccourcis sur l'actuel occupant du bureau ovale, qui refuse de signer le protocole de Kyoto, pourtant accepté par celui avec qui il a partagé l'exécutif : Bill Clinton. Ayant découvert, selon ses détracteurs, la cause écologiste sur le tard, M. Al Gore est l'acteur et l'orateur du documentaire réalisé par David Guggenheim : An Inconvenient Truth (Une vérité qui dérange). Présenté au Festival du film de Sundance et au Festival de Cannes de 2006, le documentaire encensé par la critique et les médias américains montre les effets dramatiques du réchauffement climatique sur la planète. Il rencontre un grand succès public aux Etats-Unis l'été 2006. Le 25 février 2007, le film est récompensé par deux oscars : oscar du meilleur film documentaire et oscar de la meilleure chanson originale. Autre surprise pour celui qui semble avoir les faveurs des dieux, dans un jugement récent, un juge anglais reconnaît que ce film représente le consensus scientifique sur le sujet, « tel que décrit dans les rapports du GIEC, tout en faisant remarquer 9 “erreurs” dans le film. » Le parcours d'Al Gore est significatif du rêve américain dont parlent souvent ses compatriotes : époustouflant et ne faisant guère de concessions. Membre de la chambre des représentants de 1977 à 1985, sénateur du Tennessee de 1985 à 1993, M. Al Gore a été de 1993 à 2001, le vice-président de Bill Clinton. Il a été le candidat du parti démocrate lors de l'élection présidentielle de 2000. Bien que majoritaire en voix et en dépit des recours et des contestations consécutifs au comptage des voix en Floride devant la Cour suprême, il a été battu par le candidat du parti républicain, George Bush, majoritaire en nombre de grands électeurs. Après deux oscars et un prix Nobel, M.Al Gore est de nouveau sous les sunlights. Des amis souhaitent qu'il se représente aux élections de 2008, des lobbies s'y activent déjà, surtout à Facebook. L'homme ne boude pas son plaisir. Dans le camp démocrate néanmoins, des adversaires sont légion et s'y opposent.