L'annulation du Dakar-2008 a été qualifiée de « décision sage » par le gouvernement français, mais a suscité la déception des coureurs et des autorités portugaises, mauritaniennes et marocaines qui devaient accueillir l'épreuve. Le Premier ministre français, François Fillon, a estimé que « les organisateurs ont pris une décision sage. Nous leur avions indiqué depuis déjà plusieurs semaines que la Mauritanie présentait des risques considérables ». « L'essentiel du parcours se situait en Mauritanie. C'était vraiment un risque inutile », a jugé le chef du gouvernement français. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a, de son côté, assuré que le gouvernement français n'avait « rien imposé et ils (les organisateurs) ont été assez sages pour prendre cette décision », ajoutant qu'il fallait « saluer aussi les Mauritaniens qui ont fait beaucoup d'efforts pour assurer la sécurité ». A l'inverse, le gouvernement mauritanien « regrette » la décision des organisateurs. « La Mauritanie vient de vivre deux attaques criminelles isolées, comme cela se produit partout ailleurs dans le monde, mais ceci ne doit pas conduire pour autant à dire que le pays devient pas sûr », selon ce texte du ministère des Affaires étrangères répercuté par les agences de presse. Au Maroc, autre pays traversé par la course, « l'annulation du rallye Dakar-2008 nous attriste », a déclaré Mme Nawal El Moutawakkil, ministre de la Jeunesse et des Sports. « C'est dommage pour le Maroc, terre d'accueil et de paix », a-t-elle ajouté. A Lisbonne, d'où le rallye devait s'élancer, le gouvernement portugais a fait savoir qu'il « regrette mais respecte la décision. La première priorité doit être la sécurité. On doit comprendre cette décision même si nous le faisons avec tristesse », a affirmé le ministre de la Présidence portugaise, Pedro Silva Pereira. Du côté des coureurs, la déception est aussi forte. Le Finlandais Ari Vatanen, quadruple vainqueur du Dakar, a estimé hier que les pays occidentaux portent une « responsabilité » dans la situation qui a mené à l'annulation de l'épreuve et pénalise l'Afrique. Bruno Saby, vainqueur en 1993, au départ en 2008, a soutenu également que c'est « un tournant au niveau de l'Afrique ». Hubert Auriol, triple vainqueur de l'épreuve et ancien patron du rallye-raid de 1995 à 2004, s'est pour sa part déclaré « surpris » que l'épreuve n'ait pas été maintenue. En revanche, Claude Brasseur, comédien et vainqueur en 1983, n'a pas été du même avis. Il a déclaré en effet : « Il y a déjà suffisamment de risques quand on fait de la compétition automobile. ça, en tant que concurrent, on l'assume. Maintenant, si c'est pour aller là-bas et se faire tirer dessus, c'est de la connerie. »