En faisant le tour des librairies d'Alger, l'on constate que les vitrines ainsi que les rayonnages sont plutôt bien achalandés. Toutes sortes d'ouvrages y sont exposés : romans, encyclopédies, parascolaires, livres techniques, livres pratiques, magazines, contes pour enfants... De plus en plus d'importateurs investissent dans ce créneau de manière professionnelle afin d'offrir aux clients une meilleure qualité dans le choix de la lecture ainsi que des prix abordables. Des livres, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les tranches d'âges. C'est avec grand plaisir que les amoureux des bouquins viennent flâner dans ces espaces de culture. Et même s'ils ne repartent pas toujours avec leur roman préféré sous le bras, ils viennent feuilleter, lire sur place ou s'enquérir des dernières publications. « Notre clientèle nous est fidèle, nous révèle M. Badache, gérant de la librairie Ibn Khaldoun sur la rue Didouche Mourad. « Il y a même des facilités de payement pour ceux qui préfèrent régler sur plusieurs mensualités. Certains clients passent des heures sur place à bouquiner, j'ai même reçu un groupe d'étudiants n'ayant pas les moyens d'acheter des ouvrages et qui a passé près de 5 heures dans cette librairie pour rédiger un exposé ! » D'après notre interlocuteur, ce sont les livres de poche (450 DA) qui tiennent le haut du pavé. Par ailleurs, les Harlequins, romans d'amour à l'eau de rose s'écoulent à une vitesse grand V. Vendus à 100 DA, ils sont pris d'assaut enssentiellement par la gent féminine. Selon le gérant de cette librairie, cette collection est en manque actuellement au grand dam de ces inconditionnels lecteurs. « J'ai déjà passé la commande à 4 importateurs mais sans suite. » Et de déplorer : « Les dernières publications demandées par nos clients et par certaines entreprises mettent parfois jusqu'à 4 mois avant de nous parvenir. Nous sommes totalement à la merci des importateurs. » Côté enfant, la série Harry Potter a battu tous les records de vente. Sensibilisés par les grands, les plus jeunes n'hésitent pas à pousser la porte des librairies pour demander leurs auteurs préférés. Quant aux femmes, elles sont nombreuses à acheter des magazines de beauté, de mode, de bien-être, de santé, de conseils pratiques, de cuisine, made in France. « Pour 200 DA, vous avez la dernière publication en rapport avec le bien-être de la femme d'aujourd'hui, nous dit une cliente. Personnellement, je suis une lectrice assidue de Femme Actuelle. C'est une véritable bouffée d'oxygène surtout lorsqu'on se rappelle qu'il y a à peine 3 ou 4 ans, nous n'avions droit qu'à des revues de mode complètement dépassées... » Quant à une autre cliente, elle regrette la rareté des magazines de beauté publiés en Algérie. « Ces publications sont très rares, pourtant nous sommes nombreuses à chercher à acheter des magazines où l'on se sentirait directement concernées en tant qu'Algériennes ! » Sur la rue Didouche Mourad, une autre librairie Ghazali attire une nombreuse clientèle avide d'assouvir sa passion pour la lecture. Sur la devanture, une grande affiche où sont inscrites des coquilles recueillies en librairies force de nombreux passants à marquer une halte pour la parcourir, d'un air amusé. Echantillons de quelques perles : « La ménagère apprivoisée », « Mac Bête », « Pour qui sonne le verglas », « Le vieil homme est amer », « Les fraises de Tassili... » Seul point noir, les prix de certains livres jugés hors d'atteinte par beaucoup de citoyens. « Il n' y a même plus de bibliothèques municipales. Cela nous aurait au moins permis de satisfaire le plaisir de lire sans trop se ruiner, s'écrie un quadragénaire. Partout, on ouvre des pizzerias et des fast-foods. Ce serait tellement bien si des privés pensaient un jour à la nourriture de l'esprit plutôt qu'à celle du ventre ! »