La marginalisation des syndicats représentatifs ne peut que mettre en péril le partenariat social tant décrié par les pouvoirs publics. L'UGTA n'a pas pour mission de défendre les intérêts du fonctionnaire algérien, mais plutôt celui du travailleur. Dans ce sens, il y a une énorme différence », c'est là l'avis de la majorité des chefs de file des syndicats autonomes et à leur tête le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP) qui renferme à lui seul dix-sept fédérations issues de plusieurs secteurs névralgiques du pays, entre autres, les collectivités locales, les travaux publics, la santé, l'éducation nationale, l'enseignement supérieur... Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du Snapap, le secrétaire général de ce syndicat, M. Felfoul, est revenu sur la journée de protestation du 15 janvier dont le Snapap est partie prenante. C'est une journée qui marquera, selon lui, l'année 2008. Une année qui s'annonce confuse, difficile dans le champ social largement gagné par la dégradation non maîtrisée du pouvoir d'achat. M. Felfoul a tenu à établir une comparaison entre la mission de l'UGTA et celle du Snapap. Pour l'orateur, l'UGTA doit uniquement s'occuper des travailleurs du secteur économique et à cet effet, elle n'a pas les prérogatives de parler au nom des fonctionnaires des autres départements, car elle ignore carrément leurs préoccupations et leurs doléances. « Lorsque l'UGTA est invitée par le gouvernement à participer à une tripartite, il est dans son devoir d'évoquer les problèmes liés au secteur économique et de défendre les travailleurs opérant dans ce domaine. Mais quand il s'agit des fonctionnaires, le gouvernement doit négocier dans le cadre d'une bipartite avec les syndicats autonomes », a précisé M. Felfoul, regrettant la démarche du gouvernement qui refuse de les reconnaître en tant que partenaire social à part entière alors qu'ils sont les mieux indiqués. « La nouvelle grille des salaires est une honte pour le fonctionnaire algérien de manière générale, elle a été élaborée et promulguée avec la bénédiction de l'UGTA qui ignore carrément les problèmes spécifiques à chaque secteur », a tonné le conférencier. Le Snapap, à l'instar des autres syndicats, a non seulement dénoncé la confection d'une grille des salaires qui est loin de satisfaire les attentes des milliers de fonctionnaires, mais a déploré le comportement de certains ministères tels que l'Education et la Santé qui n'ont même pas pris en considération les propositions des fédérations affiliées au Snapap. Ce dernier, par la voie de son porte-parole, dénonce aussi leur exclusion quant à l'élaboration du statut particulier du personnel de l'administration publique et dont il ignore jusqu'à l'heure actuelle le contenu. « Nous aurions aimé intervenir sur les statuts particuliers et notamment sur le point relatif au régime indemnitaire afin de corriger l'erreur commise à notre égard au niveau de la grille des salaires, en vain. Dans notre pays rien ne se fait dans la transparence, c'est le flou à tous les niveaux », a soutenu l'orateur qui rappelle que le mouvement de protestation tant attendu par les fonctionnaires vise essentiellement à dénoncer ces pratiques et à revendiquer un salaire décent et l'amélioration des conditions socioprofessionnelles. « Il est triste et décevant de voir en 2008 nos retraités faire la manche. L'avenir nous fait peur et c'est pour cette raison que nous devons unifier et renforcer nos rangs pour pouvoir arracher nos droits », a lancé avec amertume M. Felfoul. Le gouvernement, selon lui, sait pertinemment que chaque secteur a ses propres problèmes d'où la nécessité d'aller vers la mise en œuvre d'un régime indemnitaire prenant en considération les préoccupations des uns et des autres. Sur un autre chapitre, le bureau du Conseil national des enseignants du supérieur a rappelé l'importance du débrayage que compte observer les syndicats représentant douze secteurs. Devant la situation engendrée par la promulgation de la grille des salaires de la Fonction publique, en deçà des attentes des enseignants chercheurs et des engagements de la tutelle, et l'inexplicable mutisme du ministère dans la gestion du dossier du statut particulier par les pouvoirs publics, le CNES dénonce la campagne médiatique sournoise évoquant un éventuel report de la mise en application de la grille des salaires, contribuant à entretenir une confusion amplement installée. Sur le plan organique, le CNES réitère sa volonté d'unifier et de renforcer ses rangs.