Les syndicats autonomes veulent concrétiser le projet de regroupement qui remonte à plusieurs années déjà. La brève accalmie enregistrée ces dernières semaines sur le front social pourrait disparaître incessamment pour laisser place à un nouveau cycle de protestation. Quatre organisations syndicales autonomes représentant les secteurs de la santé et de l'éducation nationale ont enfin décidé de poser le premier jalon d'un regroupement syndical. Un regroupement qui sera une force de proposition, d'opposition et un contre-pouvoir. En effet, hier, le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPPSP), l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) ont tenu leur première réunion de concertation. Il s'agit, dans un premier temps, d'arrêter des actions allant dans le sens de contrer les tentatives de verrouillage dont ils sont victimes et de se mobiliser contre les atteintes aux libertés syndicales commises par les pouvoirs publics. « Chaque syndicat présentera un état des lieux de la situation sur le plan social et chacun donnera sa vision et sa conception de cette nouvelle organisation », a souligné M. Boudiba, du Cnapest, un syndicat qui a relancé, il y a quelques semaines, le débat sur la création d'un regroupement syndical démocratique qui engloberait les travailleurs de la Fonction publique et ceux du secteur économique. « Tous les syndicats, sans exception, parlent de rétrécissement du champ syndical, de pressions et d'intimidations qu'ils subissent de la part de l'administration. La création d'un front solide s'impose aujourd'hui plus que jamais », ont soutenu les praticiens et les enseignants de ces syndicats. L'alliance entre les syndicats de l'éducation et ceux de la santé peut constituer un véritable casse-tête chinois pour les pouvoirs publics. « Nous allons créer, ensemble, un espace qui constituera un cadre pour la défense des droits des travailleurs algériens et dans lequel chaque secteur aura une liberté d'action selon les intérêts de ses travailleurs », ont soutenu les syndicalistes. Les quatre syndicats vont réfléchir également. Rappelons que l'idée de la création d'un tel espace ne date pas d'aujourd'hui mais remonte à plusieurs années. Déjà en 2002, les syndicats autonomes avaient évoqué cette question et étaient même allés loin en besogne en réunissant toutes les conditions de sa création, mais les pouvoirs publics ont vite fait d'étouffer ce nouveau-né en refusant de délivrer un agrément à ses initiateurs. Quelques années plus tard, les syndicats autonomes ont décidé de rouvrir ce dossier et d'étudier toutes les modalités pour son aboutissement, seulement les divergences et susceptibilités existant entre les différents syndicats ont ralenti la naissance de ce regroupement. Aujourd'hui, les syndicats se disent « dans l'obligation » de mettre de côté « les futilités » et de réfléchir à créer un regroupement basé sur des assises solides pour qu'il ne finisse pas comme les précédentes initiatives qui ont finalement accouché d'un mort-né. « Les enseignants, les médecins, les agents de l'administration ont eu tous droit à un même traitement de la part des pouvoirs publics : l'indifférence et la matraque. Il est donc temps d'ouvrir le débat sur ce sujet à tous les fonctionnaires, afin de connaître leur avis, leurs priorités et leurs préoccupations », ont soutenu les syndicalistes, qui ne cachent pas qu'actuellement, nombreux sont les travailleurs ayant quitté l'UGTA car ils sont mal représentés. « Nous avons opté pour le syndicat autonome car l'UGTA a perdu du terrain et nous sommes pour la création d'un nouveau pôle », ont lâché les syndicalistes.