En décembre, le Rendez-vous de Rio crée l'événement en matière de marché de la production de programmes audiovisuels. Neuf pays d'Amérique latine ont cette année convergé vers Rio pour une manifestation autour d'un marché de programmes essentiellement de production francophone. Trente et une entreprises y étaient présentes, pour cent deux acheteurs : diffuseurs de télévision et distributeurs de cinéma notamment. « L'Amérique latine pourrait bien être le "dernier eldorado" pour la production audiovisuelle française. En 2006, cette région du globe ne représentait pourtant que 2 % du total des ventes à l'exportation de programmes français, avec à peine 2,3 millions d'euros sur un montant global de 115 millions d'euros. La mise en place du Rendez-vous de Rio a inversé la tendance. Nous allons enregistrer une remontée en 2007 car les effets se font toujours ressentir à retardement", explique le délégué général de la manifestation. La région est en passe de supplanter l'Europe de l'Est aujourd'hui et représenter près de 10 % des ventes. Les acheteurs des chaînes latinoaméricaines privilégient trois types de programmes : l'animation, le documentaire et la fiction. C'est le cas de Canal Encuentro, une chaîne culturelle brésilienne. La rencontre de Rio donne prime aux diffuseurs d'Amérique latine qui ne peuvent faire le voyage de Cannes en France. Comme une « Une vitrine de commerce de proximité. "On y rencontre des représentants de chaînes de petits pays qui ne viennent pas au MIP". Les télévisions venues de Colombie, d'Equateur et même d'Argentine sont présentes, souvent, à l'initiative des ambassades de France. Annouchka de Andrade, attachée audiovisuelle régionale basée à Bogota, a ainsi réussi à faire venir des chaînes d'Equateur et du Pérou. Ces chaînes "qui n'ont souvent pas beaucoup d'argent sont devenues un second marché" pour les programmes français, précise Laurence Marty, directrice des ventes de la société de production Xilam. Notamment parce qu'elles "prennent des versions linguistiques existantes", déjà vendues à des chaînes portugaises ou espagnoles. Le contexte de forte demande est que l'Equateur et le Brésil ont lancé leur télévision publique nationale. "Culturellement, il y a une carte à jouer. Il y a une vraie appétence pour des programmes différents". C'est l'un des paradoxes de la mondialisation justement : le Brésil vient de se doter d'une télévision publique nationale. Son nom est TV Brasil ; elle a été lancée dimanche 2 décembre. De la volonté du président Lula et de la fusion de la chaîne publique éducative TVE et de Radiobras, un réseau de télévisions et de radios. Au Brésil, à la différence y compris de la plupart des pays capitalistes, le paysage audiovisuel s'est construit, dès 1950, à partir de chaînes privées. C'est seulement à partir de la fin de la décennie 60 que les télévisions publiques, régionales puis thématiques, sont apparues. Sans que aucune des entreprises publiques ne soient arrivée à faire concurrence au mastodonte groupe privé TV Globo, la première chaîne commerciale, captant l'attention de près des 50 millions de foyers brésiliens. Orlando Senna, le directeur général de TV Brasil, précise qu'il disposera "d'un budget de près de 200 millions d'euros dont la moitié sera apportée en dotation budgétaire". Singularité de cette nouvelle chaîne publique brésilienne : elle promet de consulter ses auditoires pour organiser ses grilles de programmes. TV Brasil mise sur l'interactivité avec les téléspectateurs. "Une interactivité à des fins participatives et non commerciales", précise le directeur général. Par une consultation régulière menée notamment via Internet. La chaîne projette aussi de former des journalistes – citoyens : en « distribuant jusqu'à 30 000 téléphones mobiles à des gens à travers tout le Brésil pour les transformer en journalistes de TV Brasil », affirme son manager. Pour amener "le public à parler de la chaîne".