Dites-nous la raison qui vous a amené à menacer le plaignant de votre arme à feu ? », interroge calmement la juge lors d'une audience publique du tribunal de Chéraga, le 16 janvier 2008. La réponse du mis en cause, un ex-policier, ne se fait pas attendre : « Je n'ai jamais menacé qui que ce soit avec mon arme de service. Je ne connais pas la personne en question. Croyez-moi madame la présidente, je dis la vérité. » Avant de rappeler que cette affaire est déjà passée en première audience le 30 mai 2007, un procès assorti d'une peine d'un an de prison ferme, la présidente de l'audience poursuit : « Selon vous, la victime fabule. Elle vous met à l'index sans qu'elle ne vous connaisse. Expliquez-nous alors comment pouvait-elle savoir que vous étiez armé ; elle (ndlr : la victime) que vous prétendez n'avoir jamais vue ? » La question, pour le moins gênante, sera abordée avec sérénité. Plus calme que jamais, l'ex-fonctionnaire de la Sûreté nationale se montre cependant « prêt » à donner les « détails » qui éclairent au demeurant la lanterne du tribunal. « J'ai pris place à bord d'un véhicule d'un ami. La voiture démarre pour s'arrêter quelques lieues plus loin. Mon ami, qui devait rencontrer quelqu'un, me pria alors de l'attendre quelques instants. C'est ce que j'ai fait. Sans savoir de quoi il s'agissait, je suis resté dans la voiture attendant le retour de mon ami », raconte l'ex-policier. Et la présidente de réagir : « Ce jour-là, vous n'auriez pas accompagné quelqu'un de vos connaissances qui voulait en découdre avec la victime ? N'étiez-vous pas, par hasard, sollicité pour menacer quelque personne ? ». Le mis en cause campe sur ses positions même si certains points ne suscitent plus l'interrogation du tribunal. L'ex-policier avait accompagné ce jour-là un « oulid el houma » (enfant du quartier) devant récupérer une somme d'argent de chez quelqu'un qui, semble-t-il, n'était pas prêt à rendre sa dette. Comment faire alors pour le résoudre à rendre le dû ? Ce serait peut-être une bonne idée de le menacer avec une arme à feu et dans ce cas de figure, il faudrait recourir aux « services » d'un policier en civil. « De toute ma carrière passée au corps, je n'ai jamais procédé de la sorte », rétorque le policier qui, depuis, a été limogé à cause de cette affaire. « Peut-être que cette personne qui m'accuse à tord a pu constater que je portais une arme. Oui c'est possible du moment que je portais un léger kamis. » Vint ensuite le tour de la défense. Dans sa plaidoirie, l'avocat tente tant bien que mal d'innocenter son client. Le tribunal prend acte avant d'annoncer que le verdict tombera le 31 janvier 2008.