L'audition de l'ex-directeur général de la sécurité et des personnes a encore occupé le devant des débats. Le procès de l'affaire Khalifa a repris dimanche, après un repos forcé de deux jours et demi, le jeudi après-midi, le vendredi et le samedi, jour de l'an hégirien, par la poursuite des audiences avec l'audition pendant la matinée de l'ex-directeur général de la sécurité des biens et des personnes, Chachoua Abdelhafid, et de l'acheteur de la villa de ce dernier, en l'occurrence El Hadi Aggoun, considérés tous les deux comme des accusés, ainsi que l'expert comptable assermenté, Foufa Hamid, appelé comme témoin. L'audition de l'ex-directeur général de la sécurité et des personnes a encore occupé le devant des débats vu l'importance du poste qu'il occupait en étant très proche du directeur général, Abdelmoumen Khalifa pour ce qui est des mouvements des capitaux, l'octroi des prêts, le choix des sociétés pour le sponsoring et les dépenses du groupe. C'est pour cette raison sans doute, que Mme Brahimi a voulu, aller au fond des choses en lui posant des questions pertinentes pour tenter de lui soutirer le maximum d'informations et de confirmer des faits notables. Ainsi, la juge qui avait déjà auditionné Chachoua, pendant les journées de mardi, mercredi et de jeudi, en se faisant une idée sur le personnage, pas facile à aborder, lança d'emblée: «Tu recevais des sacs au couloir, mais qui prouve que cet argent ramené par Dalal Abdelaziz, allait à Abdelmoumen»? Le procureur général sans attendre la réponse intervint: «Pourquoi l'argent arrivait chez toi et pas ailleurs?» L'accusé se défend vite: «Parce que simplement, il y a une hiérarchie à respecter.» Une réponse qui laissa perplexe la présidente qui interrogea à partir de sa place, au box des accusés, Rédha Abdelouhab, chargé du domicile de Khalifa pour apporter des précisions: Est-ce que vous avez vu Chachoua faire entrer des sacs à l'intérieur de la villa de Abdelmoumen: «Non», se précipita de dire avec spontanéité. Toutefois, il reconnaîtra avoir remis des enveloppes contenant des sommes d'argent ne dépassant pas 1 million de dinars, envoyées par Akli et destinées à Khalifa. Se tournant vers Chachoua, la présidente lui demanda s'il est au courant de la réunion ayant pour thème notamment, les onze écritures entre sièges (Ees). Je n'ai pas été présent lors de la réunion relative au trou et aux onze «Ees». La juge se ressaisit: «Mais il y a un procès-verbal dans ce sens et dans lequel tu reconnais que Khalifa t'a chargé de trouver une solution à travers une communication téléphonique en te chargeant également d'appeler les autres, n'est-ce pas? Qu'est-ce que tu en dis?» En le voyant toujours nier les accusations, la juge fera appel à Akli pour les confronter. «Qui t'a téléphoné pour être à la réunion recommandée par Abdelmoumen Khalifa», lui lança-t-elle. Akli dit sèchement en le contredisant sur place: «M.Chachoua. Il m'a demandé de monter au siège où une réunion se déroulait avec d'autres responsables pour trouver une solution au trou de la caisse.» Un témoignage accablant qui enfonça l'ex-directeur de la sécurité qui n'est pas à son premier faux pas. La juge fait alors appel à un autre accusé, Hamou, en lui demandant: «Qui t'as appelé?». «Chachoua», dira-t-il tout court. La juge s'assure du témoignage encore accablant: C'est Chachoua qui vous a appelé sur instruction de Khalifa, répéta-t-elle en demandant à Chachoua de quitter la barre pensant avoir suffisamment recueilli de preuves sur le comportement de l'ex-directeur de la sécurité. Celui-ci ne désarme pas en déclarant: «Madame, SVP, j'aimerais aborder un autre problème, celui des journaux qui m'ont causé beaucoup de tort, ainsi qu'à ma famille». La juge le stoppa et lui fera savoir que cela est une autre affaire. Ce fut le tour d'un autre accusé: Toudjan, ex-chef de département de la comptabilité de répondre aux questions de la présidente sur le financement des actions de sponsoring. Il répond: «Le sponsoring était comptabilisé dans un compte de charge dont les montants étaient exorbitants». La juge enchaîna en voulant connaître les noms des personnes qui prenaient de l'argent pour le sponsoring alors qu'ils ne sont pas dans le domaine du sport, sans laisser aucune trace. La réponse est négative. Ce fut ensuite l'accusé Aggoun El Hadi d'être appelé à la barre pour le motif d'avoir acheté une villa d'un montant sous-évalué. Il dit: «J'ai rencontré ammi Ahmed, père de Abdelhafid Chachoua lors d'une cérémonie de mariage. En me voyant très intéressé par l'achat d'une maison, il m'a alors proposé la villa de son fils, sise au quartier Village des artistes à Zéralda. Tout d'abord, il m'a proposé 800 millions de centimes. J'ai demandé moins et nous nous sommes mis d'accord sur 700 millions de centimes Je l'ai acheté en 2003 pour une surface totale de 500 m² dont 350 bâtis. Je devais compléter les travaux de finition pour une somme de 450 millions». La juge demande une précision sur la nature de cette transaction: Pensez-vous que c'était sa valeur réelle? «Non, mais j'ai pensé avoir trouvé une affaire et j'ai sauté dessus. Même un notaire exerçant à Blida m'a informé qu'elle était en bonne situation.» Elle ajouta: Est-ce que tu connaissais le propriétaire de la villa, à savoir Chachoua Abdelhafid? Il dit: «Franchement, je l'ai vu pour la première fois chez le notaire et je ne croyais pas que l'affaire allait me causer des problèmes étant donné que la transaction était légale», rétorqua-t-il avec un air innocent. Le procureur général intervient pour harceler l'accusé: «Que faisiez-vous avant 2004?» «je travaillais dans le bois», répond-il. «Si quelqu'un vous vend un portable à 2000DA alors que sa valeur réelle est de 20.000DA, l'achèteriez-vous?»: «Oui, mais avec papier». Le jeu des questions-réponses continue rapidement. La juge dit: «Est-ce que tu as payé les impôts de 180 millions de centimes sur l'achat de cette villa?»: «Non je n'ai pas tout payé.» Le témoignage de M.Foufa Hamid, expert comptable assermenté domicilié à Blida, a été aussi très suivi. Il dit: «J'ai été désigné pour un travail d'expertise le 06/12/03 sur instruction du tribunal de Chéraga pour prendre attache avec le liquidateur et examiner la situation de la caisse principale.» Tout d'abord, il a demandé au liquidateur de lui remettre les comptes et les carnets de la caisse principale. Son expertise qui était limitée dans le temps et juste dans le constat visait à déterminer le préjudice financier après un certain nombre d'opérations dont celles relatives au 11 écritures entre sièges. «Ces dernières comportaient des anomalies qui cachaient les lacunes de la caisse principale», avouera-t-il. L'expert en question alla citer des noms de responsables pour situer les responsabilités des responsables d'El Khalifa, et ce, suite à un travail qui lui a été recommandé par le juge près le tribunal de Chéraga. «Non, s'il vous plaît surtout pas ça car ce travail relève de nos prérogatives seulement», lui répliqua avec rigueur Mme Brahimi. A noter que la séance de l'après-midi, qui se poursuivait au moment où nous mettons sous presse, a été consacrée au liquidateur de Khalifa Bank, qui résuma en un mot que Khalifa Bank «est une grosse coquille vide». Nous y reviendrons dans notre édition de demain.