En plus d'avoir causé des morts, des blessés et un traumatisme à vie pour des centaines de personnes, les attentats du 11 décembre 2007 à Alger ont envenimé les relations entre l'ONU et l'Algérie. Jeudi dernier, la polémique entre l'organisation onusienne et les autorités algériennes s'est lourdement aggravée au point où certains voient venir une crise dans les relations entre l'ONU et l'Etat-membre qu'est l'Algérie. Jeudi dernier, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la décision du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de créer une commission d'enquête sur les attentats. En termes très crus, le ministre de l'Intérieur à qui il incombe d'assurer la sécurité des biens et des personnes, a déclaré aux journalistes qui l'interpellaient sur la question à l'Assemblée populaire nationale (APN) : « Que va apporter de plus cette commission par rapport au travail déjà fait par les autorités algériennes ? A-t-elle une baguette magique qui nous permettra d'aller faire sortir les auteurs de ces attentats du maquis ? ». Yazid Zerhouni est allé jusqu'à comparer le comportement des responsables de l'ONU à celui d'une « fausse vierge effarouchée ». Il s'est demandé « pourquoi ceux qui parlent de commission indépendante n'ont pas avancé leur solution magique lorsque l'Algérie combattait seule le terrorisme (...) Les institutions de l'ONU, à travers le monde entier, ont été ciblées par le terrorisme, à Baghdad en Irak, en Europe, aux USA et dans d'autres régions ». Pour lui, ces cas rappellent qu'aucun pays n'est à l'abri de la menace et que « faire face aux attentats terroristes nécessite une vigilance permanente, c'est pour cette raison que nous avons toujours appelé à la mobilisation et à la vigilance des citoyens ». Cette déclaration est intervenue moins de 24 heures après le pavé dans la marre jeté par l'administrateur du Plan des Nations unies pour le développement (Pnud), Kemal Dervis. Ce dernier a démenti clairement les affirmations du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, relatives à la non-consultation de l'ambassadeur d'Algérie à l'ONU sur la question de la création d'une commission d'enquête. Interrogé par les journalistes lors d'une conférence de presse à New York, aux USA, si effectivement l'Algérie n'a pas été consultée, Kemal Dervis a répondu : « Je suis certain du contraire », sans pour autant être plus explicite. Plus grave, l'administrateur du Pnud a déclaré que le responsable de la sécurité de l'ONU à Alger, mort lors de l'explosion, avait officiellement demandé au gouvernement des mesures de sécurité particulières, après les attentats du 11 avril 2007 à Alger. « Nous savons déjà que le responsable de la sécurité de l'ONU, à Alger, avait demandé au gouvernement des mesures de sécurité particulières, notamment des barrages autour des rues avoisinantes, mais le gouvernement n'y a pas répondu », a déclaré Dervis, lors d'une conférence de presse. « Cette demande n'a donné lieu à aucune réponse écrite », a-t-il ajouté par la suite, sans toutefois exclure une réponse orale. « Il s'agit d'une question que nous devons vraiment suivre », a souligné Kemal Dervis, en affirmant que « les membres du personnel du Pnud avaient été invités à travailler de chez eux dans une dizaine de pays depuis l'attentat d'Alger ». Entre les deux parties, qui croire, les autorités algériennes, qui par leurs déclarations maladroites ont tout fait pour susciter la suspicion, ou les responsables de l'ONU, qui cherchent à tout prix à connaître l'origine des défaillances observées lors des attentats du 11 décembre 2007 ?