Le syndrome des pénuries ronge le secteur de l'habitat dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ni la main-d'œuvre, ni les matériaux de construction, ni les assiettes foncières devant accueillir les projets de bâtiment projetés ne sont suffisamment disponibles. Tizi Ouzou : De notre bureau Durant ces quatre dernières années notamment, une multitude de programmes de logements est projetée dans la wilaya de Tizi Ouzou, à l'instar des autres régions du pays, mais en matière des réalisations, les retards demeurent énormes. Dans le cadre du dispositif d'aide à l'habitat rural, sur le quota global de 20 050 logements attribué à la wilaya de Tizi Ouzou depuis 2004, il n'y a que 3 091 unités qui viennent d'être achevées définitivement, soit un taux de réalisation de 15,42% seulement, si l'on se réfère aux dernières estimations établies par la direction du logement et de l'équipement public de wilaya (DLEP). Le ralentissement frappe aussi de plein fouet les programmes des logements sociaux participatifs (LSP) et ceux des logements sociaux locatifs. Le programme AADL, lui également, est à la traîne. Ce n'est que cette année que cet organisme compte livrer près de 600 unités sur les différents sites de Tadmaït, Draâ Ben Khedda et Oued Fali. Les contraintes, en tout cas, sont tellement multiples et énormes que même les services de la wilaya reconnaissent ouvertement les blocages qui caractérisent ce secteur d'activité à dimension sociale et économique. Au chapitre des facteurs contraignants, l'administration cite le rétrécissement des terrains domaniaux ou communaux couverts par les instruments d'urbanisme et dotés d'un minimum de viabilité, qui est dû essentiellement à la saturation des sites traditionnels gravitant autour des centres urbains existants. Cette situation rend en conséquence aléatoire l'affectation et la réalisation des programmes de logements et d'autres équipements publics. Plusieurs localités, à titre d'exemple, ont du mal à dégager une assiette de terrain pour la réalisation d'un lycée, d'un CEM ou autre structure de service public. Sur un autre plan, le relief accidenté dont est caractérisée naturellement la wilaya de Tizi Ouzou accentue les contraintes et engendrent des retards dans la réalisation. En effet, la viabilisation des sites accidentés nécessite souvent des coûts supplémentaires qui atteignent parfois jusqu'à 30% des budgets affectés. Des appels d'offres infructueux La difficulté de prendre en charge ces coûts supplémentaires induit souvent des retards dans l'avancement des travaux de réalisation. Le manque se fait également sentir en matière d'entreprises de réalisation. D'importants projets, en conséquence, continuent à être renvoyés aux calendes grecques faute d'entreprises de réalisation. Ce constat se confirme dès lors que l'ensemble des entités intervenant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics à Tizi Ouzou ne représente que 18,77% de tout le tissu de la PME/PMI de la wilaya, à savoir 1 569 entreprises de BTPH sur un total de 8 359 PME/PMI recensées l'année dernière. Pour tenter de donner un souffle à la relance de cette branche d'activité, plusieurs initiatives ont été menées par les autorités locales à l'adresse des entrepreneurs et autres entreprises de réalisation afin de les inciter à intensifier leur intervention dans la région, mais cela est loin de susciter l'engouement attendu. Des appels d'offres multiples sont systématiquement déclarés infructueux pour manque de répondants parmi les entreprises de réalisation. Pour ce qui est de la main-d'œuvre qualifiée, la pénurie est criante. Plusieurs chantiers, que ce soit dans le secteur privé ou ceux de réalisation des équipements publics, marquent le pas et d'autres fonctionnent au ralenti faute de main-d'œuvre. Pour pallier cette contrainte, des actions ont été multipliées au niveau local ces deux dernières années. Dans ce sillage, les efforts sont beaucoup plus concentrés au niveau de la formation. Cela s'est traduit par l'encouragement des filières des métiers manuels ayant trait aux spécialités des travaux de bâtiment. Dans le même objectif, des instructions ont été données par les autorités de wilaya pour inciter les entrepreneurs à recruter avec plus d'avantages parmi les nouveaux stagiaires formés au niveau des CFPA de la région. L'actuel wali de Tizi Ouzou, dans le même objectif, s'est attelé, dès son arrivée aux commandes de la wilaya au début de l'année 2006, à la création des sections détachées de la formation professionnelle, et ce, dans le but de permettre l'insertion des jeunes des zones rurales dans les cycles de formation professionnelle et de les initier aux métiers du bâtiment. Depuis, près d'une quarantaine de sections détachées est ainsi mise en place à travers plusieurs localités de la wilaya. En outre, le boom que connaît, ces dernières années, le secteur du BTPH dans cette wilaya du pays en termes de besoins n'a pas manqué d'engendrer une grande tension sur le marché des matériaux de construction. De ce fait, les pénuries touchent d'une manière cyclique le ciment entre les mois de mars et de juin de chaque année (une période propice pour l'accélération des travaux de bâtiment). La rareté de ce matériau se répercute vite sur son prix qui connaît des hausses inhabituelles. La tension n'épargne pas, non plus, le sable et tous les agrégats intervenant dans le cycle de construction. Face à une demande de plus en plus croissante, le sable destiné aux chantiers n'échappe pas non plus à l'engrenage des pénuries et des flambées. Le projet des 100 locaux par commune à la traîne Le projet de réalisation des 6 700 locaux dont a bénéficié la wilaya de Tizi Ouzou, pour ses 67 communes, dans le cadre de la formule des 100 locaux par commune, et dont l'objectif consiste à booster l'emploi des jeunes, enregistre des retards énormes. Depuis 2006, l'année durant laquelle ce dispositif a été instauré, les travaux de réalisation avancent lentement. Sur les 6 119 locaux dont les travaux ont été lancés à travers plusieurs localités, il n'y a que 63 qui ont été officiellement réceptionnés. Selon les prévisions établies par la DLEP, 4 246 autres locaux peuvent être réceptionnés durant l'année en cours , tandis que les 2 391 restants seront livrés à l'échéance 2009 si les délais sont réellement respectés. Mais, connaissant les contraintes auxquelles ce dispositif des 100 locaux par commune est confronté, rares sont ceux qui sont optimistes quant aux échéances avancées par l'administration de wilaya. Il faut noter que le facteur primordial empêchant l'aboutissement de ce dispositif est étroitement lié à la rareté des assiettes foncières devant accueillir ces locaux. D'autres chantiers ont été déclarés infructueux, soit en raison de coûts élevés, soit pour désistement des entreprises engagées.