Photo . Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La population de la wilaya de Tizi Ouzou où prédomine l'autoconstruction et les programmes de logements à caractère rural vit très mal la flambée des prix du ciment, du rond à béton et des matériaux de construction en général. Le quintal de ciment avait atteint 1 400 DA, presque le triple du coût quelques semaines auparavant. De quoi mettre à l'arrêt la majorité des programmes de construction d'habitations toutes catégories confondues. Cette mini-crise a été officiellement expliquée par la fermeture temporaire ou prolongée pour diverses raisons des cimenteries de Sour El Ghozlane (wilaya de Bouira) et de Meftah (wilaya de Blida) qui alimentent l'essentiel de la demande à l'échelle régionale. Des professionnels du domaine avaient soulevé à l'occasion de cette mini-crise de matériaux de construction les «contraintes» que subissent tous les jours les opérateurs face aux étapes «compliquées, inefficientes et contreproductives» qu'exige l'administration dans l'octroi de marchés publics. Ces remarques à l'adresse des autorités ont été quelque temps après confortées par le refus du ministère de l'Habitat de revoir le coût des marchés de toute révision des prix indexés lors de l'acquisition des marchés en cours de réalisation. Cette situation a d'autant causé des retards encore plus longs, en plus de ceux habituellement liés au secteur de l'habitat dans la région de Kabylie comme par exemple le «manque d'entreprises aux critères exigés, d'assiettes foncières et de main d'œuvre qualifiée» qui servent toujours de prétextes aux responsables locaux pour justifier le rythme très lent qui prévaut dans la réalisation des projets, est intervenue pendant la saison chaude qui connaît une hausse cyclique des chantiers de construction notamment du côté des particuliers et des habitations individuelles. Dans le sillage de la raréfaction et de la flambée des prix des matériaux de construction, le ciment et le rond à béton plus particulièrement, la plupart des chantiers étaient contraints à l'arrêt pur et simple des travaux, poussant au chômage des centaines de travailleurs entre coffreurs, ferrailleurs et maçons, et dont la précarité du travail et des conditions sociales étaient déjà des plus défavorables. D'autre part, beaucoup montrent du doigt des «barons» locaux des matériaux de construction qui agissent en dehors de loi étant à l'abri des sanctions administratives et des poursuites judiciaires et qui ont profité de la défaillance des réseaux publics de production et de distribution pour s'emparer à eux seuls du marché des matériaux et créer une situation de déséquilibre entre l'offre et la demande. La spéculation avait atteint pendant un temps tous les matériaux de construction. «Ce qui m'a le plus frappé dans cette crise des matériaux de construction est la position de spectateurm sinon de complicité qu'avaient adoptée les autorités à tous les niveaux vis-à-vis de la grande spéculation qui gangrène le secteur de l'habitat et des travaux publics ; les autorités avaient là l'occasion de prendre des mesures coercitives ou du moin de verbaliser les contrevenants qui n'avaient pas hésité à se montrer au grand jour pour faire plus de gains indus mais il semble que ce monopole permanent du marché par une poignée de maffieux ne constitue pas une priorité pour nos responsables», dénonçait un groupe de jeunes entrepreneurs devant une entreprise publique de distribution des matériaux de construction lorsque la crise avait atteint son pic l'été dernier. Si actuellement cette crise a baissé en intensité, beaucoup craignent déjà son retour avec la relance annoncée des projets phares de la wilaya de Tizi Ouzou qui, rappelle-t-on, «importe», malgré des capacités suffisantes, du reste des régions du pays la majorité de ses besoins en matériaux de construction provoquant entre autres effets négatifs un surcoût du produit fini.