Le statut particulier de l'enseignant est, depuis lundi 28 janvier, sur le bureau du chef du gouvernement. Ce dossier, à l'instar des statuts de chaque secteur, fera incessamment l'objet de contrôle en matière de conformité avec la matrice générale, en l'occurrence le statut général de la Fonction publique. Dans ce sillage faut-il préciser que l'augmentation des salaires n'interviendra pas avant la promulgation des statuts. Cette annonce a été faite hier par Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, en marge du séminaire national sur le suivi de l'application des programmes scolaires pour les classes de terminale. Le représentant du gouvernement avait indiqué que la finalisation du statut spécifique au secteur était le fruit de longues années de travail et de concertation entre les organisations syndicales et les responsables de son département. Le projet approuvé, selon les propos du ministre, par ses partenaires sociaux « réhabilitera inévitablement » les travailleurs de l'éducation, l'enseignant en particulier, dans leurs droits, notamment l'amélioration des conditions socioprofessionnelles et la revalorisation des salaires. Cependant, les syndicats du secteur ont battu en brèche les déclarations de M. Benbouzid. « Le statut particulier de l'enseignant ne répond pas à nos attentes et cette mise au point nous l'avons signifiée au secrétaire général du ministère qui nous a reçus pour avoir notre avis sur le document. Une copie qui est loin d'être meilleure en comparaison avec celle élaborée en 1990 », a indiqué M. Ider, président de l'UNPEF, qui ne partage pas la vision du ministère qui n'a pas pris en considération leurs doléances. Les syndicats du secteur ont demandé la révision de certains articles du projet. Ils ont proposé une autre classification et la révision du point indiciaire. Ils ont suggéré aussi que la formation soit intégrée dans le statut comme critère absolu de la promotion. Les responsables du ministère ont, selon M. Ider, affiché un niet. « Le point relatif au régime indemnitaire a été évacué au motif qu'il est trop tôt pour débattre de cette question tout en sachant que l'on ne peut pas faire de statut sans le régime indemnitaire », a soutenu notre interlocuteur qui regrette la marginalisation du personnel de l'éducation. « Les différents syndicats ont soumis des propositions et le ministre s'est dit prêt à collaborer avec l'ensemble de ces organisations pour l'élaboration du statut. Certes, il a tenu sa promesse en invitant les concernés, mais il n'a retenu aucune de leurs propositions. C'est un semblant de démocratie », a précisé M. Ider. M. Mériane du Snapest persiste et signe que le statut n'est qu'un leurre. « Le ministre a supprimé certains points, notamment celui relatif aux sanctions, mais a refusé de revoir la situation des PTLC qui ont été lésés dans le nouveau statut. Nous avons proposé l'ouverture des passerelles entre les trois cycles primaire, moyen et secondaire pour permettre aux enseignants d'avancer dans leur carrière, en vain », a relevé M. Mériane qui ne comprend pas pourquoi les syndicats ne sont pas invités à négocier la copie finale du statut avec les responsables du gouvernement et de la Fonction publique. Dans les prochains jours, explique M. Mériane, la chefferie du gouvernement, l'UGTA et la Fonction publique vont décortiquer autour d'une table le statut particulier de l'enseignant. Ils vont vérifier si les propositions des uns et des autres sont en conformité avec le statut général. « A cet effet, nous ne comprenons pas pourquoi c'est l'UGTA qui est invitée à défendre notre statut et nos propositions. Pourquoi la chefferie du gouvernement ne sollicite pas les concernés et les syndicats représentatifs des fonctionnaires à plaider leur cause ? », a soutenu notre interlocuteur en précisant que « l'exclusion et la marginalisation des véritables partenaires sociaux mèneront incontestablement au pourrissement ».