Le séjour de la délégation tunisienne à Tamale a été marqué par le conflit latent qui oppose le sélectionneur Roger Lemerre à l'écrasante majorité des confrères tunisiens accrédités à la CAN-2008. Tamale (Ghana). De notre envoyé spécial Il ne s'est pas passé un jour sans que l'une des deux parties proteste énergiquement contre la conduite de l'autre partie. Le sélectionneur des Aigles de Carthage n'apprécie pas du tout l'omniprésence des journalistes qui, selon ses dires, « ne respectent pas les règles édictées par le règlement. Ils sont toujours là, dans l'hôtel, en train de tourner autour des joueurs, nous obligeant à les surveiller sans cesse », avance l'ancien sélectionneur de l'équipe de France. Les journalistes visés par le technicien français sont les envoyés spéciaux de la chaîne privée Annibal qui, il est vrai, sont toujours sur le qui-vive et surtout collés aux trousses des joueurs et à l'affût de leurs moindre faits et gestes. Sollicité pour donner son point de vue sur ce « feuilleton mouvementé », tel que le qualifie un accompagnateur de la sélection de Tunisie, notre confrère de la chaîne Annibal, Rachdi Haïthem, précise : « Les journalistes sont là pour rendre compte du moindre fait concernant notre sélection. Notre mission n'est pas facile du tout. Nous tentons de la remplir au mieux. Roger Lemerre, lui, a une piètre idée de notre mission. Il veut qu'elle demeure confinée aux mornes conférences de presse ». Les relations tendues entre Lemerre et les journalistes tunisiens ont atteint leur pic à la fin du match Tunisie-Sénégal (2-2). Le premier n' a pas apprécié du tout de se retrouver nez à nez avec les envoyés spéciaux tunisiens... devant la porte des vestiaires, une aire strictement interdite aux journalistes avant, pendant et après le match. Roger Lemerre a craché sa colère « contre des journalistes qui nous empoisonnent la vie depuis que nous avons posé le pied à Tamale. Ce n'est pas normal ! Je ne les laisserai pas faire ». Joignant l'acte à la parole, il confisque le trépied de la caméra des journalistes de la chaîne privée. Ces derniers ont protesté auprès des responsables de la délégation tunisienne... sans résultat. « Parce que personne n'ose bouger ou souffler un mot devant Lemerre. Ils ont tous peur du Français », souligne Haïthem. Roger Lemerre et les journalistes tunisiens se regardent en chiens de faïence. Ils ne se parlent presque plus, sinon pour échanger des propos qui ne plaisent à aucune des deux parties. Même l'éclatante victoire (3-1) contre l'Afrique du Sud n'a pas amélioré cette relation tendue. Durant la conférence de presse après le match, les confrères tunisiens présents dans la salle n'ont pas posé une seule question, malgré l'insistance du chef média de la CAF. Interloqué par cette étrange situation, de journalistes qui s'abstiennent de poser des questions après un match, un confrère étranger qui veut comprendre ce genre de comportement reçoit cette réponse d'un Tunisien : « Cela ne sert à rien de poser des questions à Roger Lemerre. Il n'y répond jamais. Il la contourne et cherche toujours à nous humilier ». Pas convaincant du tout ! Quelques instants après, attirés par des bruits provenant du côté des vestiaires de la Tunisie, les organisateurs ont trouvé, une fois de plus, Lemerre aux prises avec les journalistes de Annibal TV, qui filmaient les joueurs tunisiens derrière une vitre attenante à la mixed zone. Il n'en fallait pas plus pour que Roger Lemerre rentre dans une colère noire... mais qui n'intimide plus les confrères qui sont maintenant « habitués à ce comportement et sommes décidés plus que jamais à accomplir notre mission que cela lui plaise ou non », s'exclame Haïthem. Le match se poursuivra jusqu'au retour au pays. Sans vainqueur.