Pourquoi cette tension subite sur les engrais qui provoque une grande inquiétude chez les agriculteurs et les producteurs de pomme de terre ? En vain, avons-nous cherché une réponse auprès de la DSA et de la Coopérative de céréales et de légumes secs (CCLS). Nos sources assurent que cette coopérative est la seule à être conventionnée auprès de l'usine de Annaba qui fabrique les produits fertilisants. Cette mesure peut se comprendre : afin d'éviter que ce produit indispensable aux surfaces emblavées pour atténuer les méfaits de la sécheresse à laquelle la région est confrontée depuis des années ne prenne une autre direction, il est bon que l'usine ait un seul client, la CCLS. Mais que fait celle-ci ? Après avoir reçu et distribué 1400 quintaux environ, elle a cessé toute livraison, provoquant du coup une vive inquiétude chez les producteurs de la wilaya. On a espéré que la réunion qui s'est tenue le 26 janvier dernier et qui a réuni les ministres de l'Agriculture (!), de l'Energie (!), de l'Intérieur (!), de la Défense (!) et de la Santé (!) autour de cette préoccupation allait déboucher sur une solution qui mettrait fin à cette crise. La séance de travail n'a malheureusement permis de prendre aucune résolution. « Comment s'attendre à une meilleure productivité sans l'indispensable engraissement des sols ? », s'interroge une source au fait des questions relevant du domaine agricole. Selon cette source dont l'avis fait autorité, plus de 2 millions d'hectares nécessitent l'engraissement. Et de déclarer : « Il faut s'attendre au pire si on ne se décide pas à réagir vite. » La balle est ainsi dans le camp du ministère de l'Energie qui renâclerait à la prise d'une telle décision, laquelle pourrait être liée directement à la question sécuritaire, devenue priorité au regard de la fréquence des attentats suicide qui se perpétuent ces derniers temps sur notre territoire. Tout le monde sait quel usage est fait des engrais en dehors de la fertilisation des terres agricoles. Du côté des fellahs, la grogne est palpable : ils menacent tout simplement de ne pas livrer leurs prochaines récoltes à la CCLS si celle-ci refuse toujours de livrer les engrais. Certains considérant l'avenir d'un œil sombre déclarent qu'il est déjà trop tard pour les premiers engrais (le 15/15) et ce serait bientôt trop tard aussi pour les autres (l'urée). Leurs bons de livraison inutiles en poche, ils grognent en pointant du doigt la CCLS.