Un organisme de journalistes canadiens pour la liberté d'expression vient d'attribuer l'International Press Freedom Award à Sihem Bensedrine, militante des droits de la personne, journaliste et éditrice du magazine Kalima, diffusé sur le Web, qui se bat depuis vingt ans aux côtés de son compagnon, Omar Mestiri, pour l'avènement d'une réelle démocratie en Tunisie. La récipiendaire qui a été honorée à Toronto la semaine dernière a mis à nu le système despotique tunisien en décrivant les méthodes barbares et cruelles du régime de Zine El Abidine Ben Ali. « La Tunisie est un pays de l'Afrique du Nord, souvent présentée comme un modèle de développement et de stabilité. Mais sait-on suffisamment que dans son pays, il n'existe aucun média libre et que toute forme de contestation est réprimée ? », s'est interrogée la journaliste. Invitée à Radio-Canada, elle a expliqué comment est organisée la traque des internautes par une armada d'agents (plus de 400) mobilisée au ministère des Communications qui surveille leur navigation. « Cette police de l'information sévit partout. Elle dispose du cadre juridique et réglementaire le plus exhaustif de la région qui lui permet de réprimer en toute légalité. La téléphonie électronique est interdite ; le cryptage est interdit », a-t-elle affirmé. C'est d'ailleurs le cas de la publication Kalima censurée en Tunisie. « L'équipe de Kalima, dont je fais partie, a déposé à trois reprises un dossier pour publier librement le journal en Tunisie, et a fait face à un refus obstiné des autorités », a-t-elle indiqué.