Elle est jeune, plutôt jolie. Elle a un prénom qui évoque la tendresse et un regard qui rappelle l'orage. Elle vit en Algérie, quelque part entre Alger, Boumerdès et Tizi Ouzou, mais aux dernières nouvelles, elle n'aurait plus du tout envie d'y vivre. Signe particulier : Hanane est recherchée par toutes les polices car elle serait au bord du suicide. Mais ce n'est pas son désespoir, à l'image de celui d'autres jeunes du pays, qui pose problème au gouvernement, ce dernier ayant toujours su s'arranger pour laisser ses enfants se jeter en mer ou par-dessus le balcon. Le suicide de Hanane pose un problème de sécurité nationale. Car la jeune fille veut mourir en emportant avec elle le maximum de personnes, veut en finir avec sa vie par une action d'éclat qui ferait d'elle une héroïne du troisième type. On ne connaît pas l'environnement familial de Hanane, mais on peut imaginer qu'elle ne vit pas à Club des Pins et n'a jamais fait de jet-ski. On ne connaît pas non plus ses parents, mais l'on sait déjà que son père n'est pas Ould Abbas qui a réussi à comprimer le taux de pauvreté à 5%, ni Benbouzid qui a réussi à caser ses enfants à l'étranger tout en s'occupant de compacter les cerveaux de ceux qui sont là. Son père est inconnu, sa mère anonyme, et il semble bien qu'ils n'aient pas vraiment aimé Hanane. Qu'est-ce qui peut pousser une jeune fille à devenir terroriste ? Qu'est-ce qui peut pousser une jeune fille à vouloir rejoindre avant l'heure un paradis islamiste où ce sont les hommes qui sont récompensés par de jeunes vierges peu farouches ? Kamikaze potentielle, Hanane est déjà célèbre pour avoir sa photo dans tous les commissariats et va peut-être faire la une de Paris-Match ou d'un autre magazine à sensation. Car actuellement, Hanane rase les murs pour repérer celui contre lequel elle va s'exploser. Hanane va mourir. Hanane est déjà morte.