Les émeutes de l'eau survenues en août 2004 sont encore vivaces dans la mémoire des habitants de la petite localité de Zegrour Larbi, plus connue par Chaâbet El Medbouh, située à 14 km au nord-ouest de la ville de Constantine, et seulement à 7 km de Hamma Bouziane dont elle dépend administrativement. « C'est la déclaration de l'ancien P/APC de Hamma Bouziane qui a mis le feu aux poudres au sujet de l'alimentation en eau potable, alors que nous avons toujours souffert pour nous approvisionner », rappelle un commerçant. Si le problème a été réglé avec la construction de deux châteaux d'eau sur les hauteurs de la localité, les habitants attendent toujours la réalisation du réseau de gaz de ville, tant promis par les autorités. « Le projet est toujours en instance, alors que l'installation de conduites s'est arrêtée au niveau d'El Djelloulia, se trouvant à moins de 4 km », apprend-on. Malgré sa situation sur la RN27, la localité de Zegrour Larbi n'a bénéficié d'aucun projet de développement depuis des décennies, bien qu'elle ait connu une extension remarquable. De nombreuses familles venues de Constantine et de Hamma Bouziane s'y sont installées après avoir acheté des lots de terrain. Cette vague a eu une conséquence directe sur les prix, au moment où les assiettes de terrain constructibles sont devenues rares. « Un projet de construction de logements a été détourné au profit de la commune de Hamma Bouziane, alors que le mètre carré se négocie à plus de 3 500 DA », affirme un résidant de la localité, qui ajoute que les gens trouvent d'énormes difficultés pour s'engager dans l'auto-construction. Cette situation se conjugue aussi avec le fléau du chômage qui touche une grande partie des jeunes, contraints de se déplacer jusqu'à la nouvelle ville Ali Mendjeli à la recherche d'un emploi dans le secteur du bâtiment. A Zegrour Larbi, la couverture sanitaire demeure encore mal-lotie. Alors que les habitants se sont dits heureux après l'ouverture de la première pharmacie, les services en matière de santé n'ont toujours pas atteint le strict minimum. Les habitants traversent une dizaine de kilomètres pour une consultation à la clinique de Hamma Bouziane. A Chaâbet El Medbouh, une pauvre maisonnette de trois pièces fait figure de centre de soins, avec un lit, un stérilisateur vide et des quantités « distillées » de produits antiseptiques. « Un seul infirmier est là pour assurer uniquement les injections », nous disent des citoyens qui se rappellent encore du dernier passage du médecin dans leur village, lequel remonte 1995. « Depuis cette date, on n'a rien vu venir », disent-ils.