L'huile algérienne peut satisfaire la demande nationale et décrocher une place de choix sur le marché mondial. Cependant, en matière de qualité, beaucoup reste à faire. Le consommateur doit savoir que l'huile d'olive, issue de l'importation et actuellement commercialisée sur le marché national, est une huile de grignon d'olive. C'est d'ailleurs mentionné sur l'emballage. Ce constat, c'est M. Messak, exploitant 40 ha d'oliviers, qui le fait. Pour lui, l'huile d'olive vendue dans les grandes surfaces d'outre-frontières est labellisée, donc soumise à l'AOC (appellation d'origine contrôlée), dont le prix oscille entre 30 à 40 Euros le litre. « Le consommateur n'a qu'à comparer le prix sur le marché international et celui appliqué sur le marché local, où le litre d'huile d'olive importée est cédée à 400 DA », a-t-il indiqué. Cet agriculteur, qui est également propriétaire d'une usine de trituration d'une capacité de 18 q /h, aspire à relancer la labellisation des régions, comme ce fut le cas au temps du colonialisme. Son objectif est de placer une huile d'olive avec un label de qualité, aussi bien sur le marché national qu'international, d'autant que les variétés susceptibles de donner une huile de qualité existent. Elles sont notamment disponibles dans les régions de Annaba, El Tarf, Skikda et des Aurès, pour ce qui est de l'est du pays. Parmi ces variétés, on retrouve la blanquette et la rougette, deux sortes pouvant donner jusqu'à 20 à 25 l/q d'olives. La Chemlell est une autre variété à partir de laquelle on peut extraire 17 à 20 l/q. Notre interlocuteur parle également de Ferken, réputée par son excellente qualité, pouvant donner jusqu'à 30 l/q. Cette espèce se trouve dans les régions de Tébessa et Khenchela. Les études sur l'impact de l'évolution des habitudes de consommation dans les différentes régions du pays sur la demande en huile d'olive ont démontré que l'introduction des labels de qualité est incontournable. En effet, explique l'oléiculteur : « Notre pays a perdu tous les labels de qualité qui existaient avant 1962. Aucun effort n'a été fait pour les reprendre. Pourtant, nous sommes à même de faire de l'huile d'olive algérienne l'une des mieux appréciées au monde. Nous pouvons satisfaire la demande nationale et avoir une place de choix sur le marché international ». Cette place de choix est largement à la portée des producteurs nationaux, vu la faible consommation domestique annuelle, soit moins d'un litre par habitant. Ce qui offre à l'Algérie des débouchés sûrs à l'export, si l'on tient compte des possibilités d'augmentation du volume de production. En effet, sauf saison exceptionnelle, où la production peut atteindre les 30 000 t, l'oliveraie algérienne estimée à 20 millions d'arbres, s'étalant sur une superficie de près de 250 000 ha, génère actuellement une production d'huile d'olive oscillant autour de 9 000 et 15 000 t. Cependant, en matière de qualité beaucoup reste à faire. C'est ce qu'a confirmé M. Messak lorsqu'il affirme : « Je suis à même de dire que la quasi-totalité de cette huile d'olive algérienne est impropre à la consommation, si l'on tient compte des normes de qualité universellement de mise. Sa consommation n'est pas nuisible à la santé, mais les vertus d'une huile d'olive de qualité, telles que recherchées par les consommateurs, sont inexistantes ». Pour lui, l'introduction de ce produit sur le marché international reste tributaire du respect de normes drastiques de la qualité, dont notamment la conduite culturale et le taux d'acidité. Ces normes sont définies par le conseil oléicole international (COI). Et c'est justement en en tenant compte que notre voisin de l'Est arrive à placer annuellement pas moins de 70 000 t d'huile d'olive issues de ses 160 millions d'arbres, au moment où les quelques tentatives algériennes à l'export n'ont jamais dépassé les deux tonnes.