L'état critique dans lequel se trouve la salle de théâtre Afrique de la commune des Issers renseigne clairement du peu d'intérêt accordé par les pouvoirs publics à la chose culturelle. Considérée comme l'une des plus grandes infrastructures culturelles de toute la wilaya, cette salle traîne, hélas, dans l'oubli depuis plus de cinq années. Cette salle qui a été « inaugurée en 1930, à l'occasion du centenaire du colonialisme français en Algérie » symbolisait autrefois la culture et l'art cinématographiques dans cette commune de l'est de la wilaya de Boumerdès. Ainsi, elle abritait depuis l'indépendance jusqu'à la fin des années 1980, les rencontres officielles et autres manifestations culturelles et artistiques. Dès lors, une somme d'un milliard avait été dégagée durant le début des années 1990 pour son réaménagement, a-t-on appris de sources sûres. Par ailleurs, après le séisme de 2003 qui l'a sérieusement endommagée, cette salle a bénéficié d'une somme de 5 milliards de centimes pour sa réhabilitation. Néanmoins, seule une partie aurait été affectée en 2005 pour y mener les premiers travaux de confortement. Lesdits travaux se sont arrêtés peu de temps après, sans qu'aucun motif convaincant ne soit avancé, indique notre source qui parle de la possibilité de sa transformation en un théâtre régional dans le proche avenir. Ainsi, en disputant l'offre, les entreprises boiteuses engagées par la tutelle semblent avoir mal accompli leur mission de mener à bien le projet de réhabilitation. Le premier bilan de cette opération n'est guère reluisant. Ce qui laisse supposer que tout est à revoir dans les travaux de confortement de l'édiffice. En effet, ce patrimoine communal a fait jusque-là l'objet d'une restauration « expéditive et non étudiée ». Faute d'entrepreneurs spécialisés dans la restauration de ce genre d'édifices patrimoniaux, des pans entiers sont altérés par l'usage anarchique de béton, constate-t-on sur place. L'opération n'a pas été du tout circonspecte et les nouveaux textes régissant le patrimoine n'ont pas été respectés par les parties concernées. Une partie du périmètre extérieur de ladite infrastructure est squattée en toute impunité par des particuliers, lesquels y ont érigé des locaux commerciaux. Aujourd'hui, après l'octroi d'une autorisation des autorités locales, les membres de la section locale de l'UNJA, qui occupent deux petites salles, essayent tant bien que mal de revaloriser cet espace délaissé. Ceux-ci mettent plus de mille livres à la disposition des enfants scolarisés de la commune. Quand bien même positive est cette présence, aucune association ne devrait accaparer un espace public, commentent de nombreux citoyens qui voient là une « démission des responsables locaux ». Les lycéens, que nous avons rencontrés sur place se disent, « indignés tant cet espace pouvant jouer un rôle vital dans l'épanouissement de leur quotidien est à l'abandon ». De leur part, les dirigeants de l'association Cirta ne cessent de réclamer un réel réaménagement de cette salle en vue de faire renaître les journées théâtrales d'antan. Dans ce sens et compte tenu de la valeur et l'utilité de cette « salle-patrimoine », sa mise en valeur et sa conservation relèvent désormais des priorités. Interrogé, l'actuel directeur de la culture de la wilaya nous a dit qu'il a « tout fait pour la réouverture de cette salle ».