Plus qu'une guerre de libération, le moment qui sépare la disparition du poète chanteur Nouni, le 2 mars 1999, de cette année 2008, laisse apparaître le gouffre – ou le vide – installé dans les ruelles et rues, même dans les nombreuses cités édifiées comme des champignons et qui auraient trouvé leur maître à travers le disparu. Rachid Nouni s'est tu, atteint d'une grave maladie, alors qu'il n'avait pas 56 ans, laissant des enfants orphelins et même toute une frange de la population blidéenne se sent alors sans guide, sans cette voix qui calmait les douleurs de la vie, une voix qui faisait oublier que des problèmes pouvaient arriver à l'être humain. « Toute une poésie recherchée, vérifiée, corrigée et donnée à savourer aux mélomanes », a dit un admirateur du fils de Bab Khouikha, une des portes de la ville. Murs et portes de la ville témoignent du passage de cet homme à qui, il semble qu'aucun hommage n'a été préparé, sauf sans doute une émission de Radio Mitidja vendredi prochain. L'ami des humbles méritait mieux, mais qui pense à la chose culturelle ? L'hommage rendu au début de ce XXIe siècle par ses amis ne pouvait être répété et seuls les histoires, les photographies et quelques enregistrements pourront avérer qu'un illustre chanteur avait disparu assez tôt à Blida.