Elles sont belles, spontanées, dynamiques et débordantes d'énergie. Les femmes ont désormais conquis la « dure » corporation de la Protection civile. Même si leur nombre reste encore réduit, leur présence dans un corps, réservé jusque-là aux hommes, semble donner de l'assurance aux autres femmes désireuses d'accomplir une mission aussi noble. Alors que l'apparition de la gent féminine parmi les soldats du feu se limitait au corps médical, il n'en demeure pas moins que plusieurs candidates ont opté pour une formation intégrée. « Il faut passer par le régime difficile de la caserne : le bol d'air à 4h et les fausses alertes la nuit, mais la période la plus difficile demeure celle de l'instruction », se rappelle le lieutenant-ingénieur Meriem Deghfli, diplômée de l'école nationale d'hydraulique de Blida et première femme officier à la direction de la Protection civile de la wilaya de Constantine, qu'elle a rejointe en juillet 2003, après l'ouverture des portes de l'école nationale de la Protection civile de Bordj El Bahri aux femmes en 1999. L'accès des femmes à l'exercice du métier de sapeur-pompier se fera quelque temps plus tard. Après une année de formation en extinction, sauvetage, organisation des secours, prévention, parades et secourisme, six jeunes femmes, âgées entre 22 et 28 ans, seront les « pionnières » dans leur catégorie à Constantine. Ibtissem Chaoui, Fanny Bouhbila et Ibtissem Boudemagh, engagées au mois de juillet 2007, seront rejointes par le sergent Zhour Khelif et l'agent Merzaka Chelli au mois de décembre 2007. « C'est par amour pour l'aventure que j'ai rejoint ce corps, mais c'est aussi par humanisme, après les catastrophes de Bab El Oued et Boumerdes, car porter secours aux gens est quelque chose de bien », dira Ibtissem Chaoui, qui gardera pour la vie les détails de sa première intervention : une dure journée passée dans les montagnes à éteindre trois incendies de forêt à Zouaghi, Djebel Ouahch et Bab El Kantara. « Pour moi, travailler dans les rangs de la Protection était un rêve. Si nous avons souffert durant la formation, nous avons toujours le sentiment d'accomplir un travail humanitaire lorsque nous arrivons à sauver des familles entières », souligne Fanny Bouhbila qui passe pour être la plus rodée aux interventions à l'échelle mécanique. Très motivée pour tous les types d'intervention, et avide de découverte, Ibtissem Boudemagh a rêvé de porter une casquette depuis sa tendre enfance. « Je garde toujours des souvenirs impérissables de mes premières interventions lorsque j'ai secouru une femme enceinte à Benchergui et j'ai assisté au sauvetage d'une femme encerclée par le feu à Massinissa », notera-t-elle. « Les conditions difficiles sont le lot de notre travail car il arrive qu'on intervienne dans un ratissage comme ce fut le cas pour la dernière opération militaire de Djebel Ouahch », indique Merzaka Chelli, qui n'a que trois mois d'exercice au même titre que le sergent Zhour Khelif. Cette dernière, la plus jeune de toutes, a bouclé ses 21 ans à l'école de Bordj El Bahri. « On est sollicités partout et il nous arrive de faire jusqu'à sept interventions par jour, et souvent on se retrouve face à des situations critiques où il faut avoir le courage et la patience pour intervenir comme ce fut le cas pour ce couple qu'on a sauvé in extremis d'une mort certaine suite à une asphyxie par gaz », notera-t-elle.