Le gouvernement est triste ». C'est dans ces termes que Mahmoud Khedri, le ministre chargé des relations avec le Parlement, a expliqué l'attitude du gouvernement face à l'inflation à deux chiffres. Si la tristesse n'est pas une action gouvernementale, un projet de loi, un bilan ou un plan d'action, elle reste une émotion pure, qui dans ce cas, voisine autant avec l'humanité qu'avec l'impuissance. Même si les hausses sur le marché international, censées représenter les vraies raisons de l'effondrement du pouvoir d'achat, ne tiennent pas vraiment la route puisque l'Algérie détient le record d'inflation dans sa région. Comment font les autres, soumis eux aussi à des hausses des produits ? Ils doivent certainement être moins tristes. Mais bref, l'aveu est d'importance, « le gouvernement ne peut pas lutter contre l'inflation », a encore expliqué Mahmoud Khedri, demandant aux députés de faire des propositions en ce sens. La fatalité installée, reste l'émotion. Loin de la raison, de la logique économique et du rationalisme financier, le gouvernement algérien est profondément ému, demandant implicitement aux Algériens de compatir. Ce n'est pourtant pas une nouvelle puisque par ailleurs, le gouvernement a souvent travaillé avec des émotions. Avec de la colère, quand il s'est agi de punir les « agitateurs ». Avec de l'entrain, lorsqu'il s'est agi de recaser des sinistrés. Avec de la haine quand il s'est agi de harceler ceux qui ne sont pas d'accord avec lui. Avec de la rancœur lorsqu'il s'est agi de se venger, ou de la joie lorsqu'il s'agit de se répartir l'argent du pétrole en avantages personnels. En gros, tout sauf ce que requiert un pays qui a, par ailleurs, tout pour réussir. Le gouvernement est triste ? La population beaucoup plus. Le gouvernement est triste ? Il devrait l'être de ne pas avoir planté de blé. Attention quand même à la diffamation.