La journée mondiale de l'arbre aurait pu être une occasion de se réconcilier avec la rationalité. Pour des raisons protocolaires, cet arbre qui tire une légitime fierté de son entêtement à survivre en plein désert, est convoqué pour amuser la galerie. Ce généreux pourvoyeur d'une huile – elle constitue incontestablement un cosmétique de premier choix que tous les bons fabricants s'arrachent à prix d'or-, dont il garde jalousement le secret de fabrication, aurait pu, s'il avait été consulté, décliner l'offre. Originaire de la région éponyme d'Argan, dans le sud marocain, l'arbre, par des caprices insoupçonnés, aura traversé la frontière pour venir timidement et pacifiquement s'installer dans la région de Tindouf où subsistent quelques spécimens. C'est certainement à partir de cette contrée qu'un ingénieux forestier aura ramené quelques glands qu'il fera pousser à l'entrée de la maison forestière de Stidia, dont la forêt est essentiellement composée de genévriers de Phénicie. Depuis 1 année, sa survivance y est sérieusement menacée par un redoutable champignon qui aura fait des ravages inestimables. Chez le genévrier de Phénicie, pas chez l'Arganier dont les 5 exemplaires sont souvent convoqués pour d'obscures causes. Au lieu, comme le suggère le bon sens, de planter des genévriers dont c'est la région de prédilection, les organisateurs de la journée de l'arbre auront jeté leur dévolu sur l'Arganier. A se demander si pareille méprise était possible en Arganie. Alors que les vrais scientifiques ne cessent de tirer la sonnette d'alarme, il est rageant de constater combien il est facile de s'égarer en une journée où tous les arbres sont égaux. Alors pourquoi persister à cacher la détresse irréversible du genévrier indigène par cette imposture venue d'ailleurs ? Serait-ce pour noyer notre incompétence ou pour perpétuer un mirage trompeur ?