La deuxième histoire date d'il y a deux ou trois années ; la télévision nationale en avait fait ce jour-là la une de son journal de 13h et dans celui de 20h. C'était quelque chose d'inédit dans nos mœurs qui hors de notre pays est une chose banale. En effet, l'événement national se passait dans un quartier de la ville de Sidi Bel Abbès où une personne a édifié à elle seule un jardin et des aires de jeux pour les enfants de son quartier. Le passage à la une du journal télévisé a prouvé la frustration profonde des Algériens qui souffrent du manque d'espaces verts. Le personnage de Sidi Bel Abbès sort de l'ordinaire et paraît même bizarre aux yeux de notre société trop individualiste. Pourquoi un citoyen peut-il consacrer volontairement du temps à cette entreprise insolite ? Voilà une autre preuve éclatante de la primauté du travail individuel sur celui du collectif. Ces jardins qui faisaient jadis la fierté de nos villes ont disparu à jamais de notre vue ; dommage pour nous de ce que nous en avons fait. Certaines villes ont choisi de fermer ce qui reste comme jardins publics et par crainte de dégradation, elles ne les ouvrent qu'à des horaires précis et ce n'est même pas la peine de s'y aventurer à cause des clochards qui y ont élu domicile. Ce n'est même la peine de s'interroger sur le nombre de jardins publics dignes de ce nom que l'Algérie a érigés depuis notre indépendance. La moindre parcelle utile a été un sujet de convoitises diverses et même des places publiques on été squattées. Inscrire un jardin public dans le programme d'une APC relève de l'utopie, c'est un phénomène rare pour ne pas dire inexistant de trouver comme jadis des maisons où le devant est fleuri ; pis encore, celles qui l'étaient à l'indépendance ne le sont plus depuis longtemps. Elles ont été tout simplement démolies pour devenir des commerces afin d'assurer l'avenir et ses arrières, comme on le dit si bien chez nous, malheureusement, on ne reverra plus les rues fleuries de sitôt et peut-être jamais même dans la ville des Roses. Heureusement que nous comblons ce manque de la nature lors de la saison printanière lorsque Dieu nous accorde ses précieuses pluies pendant l'hiver. Enfin en sport, jusqu'à présent, nous sommes incapables de fournir à notre équipe nationale un terrain de football à la hauteur des équipes africaines, pour ne pas dire européennes ; cela ne doit pas être du domaine de l'impossible de doter notre porte-flambeau footballistique d'un terrain gazonné de 120 sur 60 m sur la seconde grande superficie africaine. Justement, les équipes africaines jouent dans de superbes terrains comparativement aux nôtres et c'est fini pour elles les terrains de champ de patates, c'est nous qui les avons hérités. Il y a quelques années, l'équipe du Nigeria avait joué un match officiel contre notre équipe nationale à Oran, lorsque les visiteurs avaient demandé de mettre à leur disposition un terrain en gazon pour s'entraîner, les responsables de la FAF leur avaient alors proposé d'aller à Mostaganem ou à Sidi Bel Abbès. Croyant à une farce pour les déconcentrer, ils se sont plaints à la FIFA, mais ils avaient tort, car la seconde ville d'Algérie ne disposait pas d'autres terrains corrects gazonnés. L'histoire n'a pas été retenue et les Verts continuent de vagabonder d'une ville à l'autre en quête d'une pelouse digne de ce nom. L'urgence des remèdes Les remèdes existent pourvu qu'on les applique à la lettre. Tout le monde connaît les gestes nécessaires à l'éradication du mal, si l'on arrive à organiser et à sensibiliser les citoyens, tout le reste sera évident. La sensibilisation doit être faite selon des canaux qui peuvent toucher la population, ce sont les adultes algériens qui accusent un déficit flagrant ; il faut commencer par cette frange de la population pour passer ensuite aux adolescents et les petits. Un matraquage médiatique est plus que capital avec l'aide des radios locales, de la presse, de la télévision et des placards publicitaires dans les villes, dans les routes... Les spots publicitaires nécessitent le changement de look à chaque période pour capter l'attention. Les opérateurs de la téléphonie mobile sont aussi bien placés pour participer à un espace sain en adressant des sms à leurs abonnés pour les appeler à contribuer efficacement à cette noble tâche. Même l'outil internet, qui est en train de se développer, doit être de mise en développant des sites sur les bienfaits de l'écologie, il faut en faire une affaire de vie ou de mort. Les mosquées peuvent aussi jouer leur rôle d'éducateurs de la société, car les imams sont là pour rappeler aux fidèles ce principe fondamental dans la religion musulmane où le vrai musulman doit être l'exemple de la propreté. On ne peut pas rester sans parler du rôle essentiel de l'école dans l'éducation où le rôle de l'instituteur est primordial car ce dernier vantera les bienfaits de la propreté et apprendra les petits gestes de la pureté. Les lieux de l'éducation (écoles, collèges, lycées, instituts, universités...) sont à l'avant-garde de l'éducation civique et citoyenne. Les associations, avec leur approche, sensibiliseront les citoyens par l'utilisation de tous les bons moyens et participeront à l'encadrement des citoyens volontaires pour le nettoyage de leur cité. Des cités pilotes doivent être lancées pour servir d'exemple et de modèle et la concurrence peut être ainsi provoquée entre les cités avec à la clé des récompenses comme les tournois de quartiers de football organisés dans tout le pays. Un téléphone vert, comme celui des pompiers ou de la police, doit voir le jour pour permettre aux citoyens de signaler tout manquement au devoir environnemental. Les différents services de l'environnement ont également besoin d'un renforcement pour assurer pleinement leur mission. Ce ne sont là que quelques aperçus tirés au hasard du vif du sujet et les concepts de l'écologie sont nombreux et diversifiés. L'Algérie a de nombreux spécialistes dans le domaine qui sont mieux placés pour aborder le problème de l'environnement sur tous les angles. Il suffit de leur donner tous les moyens pour se mettre réellement au travail. L'éveil pour demain ? Il y a un indice de prise de conscience qui commence à gagner les Algériens, pour le moment, il touche une certaine frange de la population et c'est tant mieux pour l'avenir. Il s'agit bien sûr de l'autoroute Est-Ouest du côté de la région protégée d'El Kala, qui grâce à l'alerte et à l'appel d'une association, a pris ses responsabilités. Ce qui retient l'attention dans cette affaire, ce n'est pas celui qui a tort ou a raison plus que la prise de conscience qui commence à prendre forme. Le second signe est l'opération « une école, un enfant, un arbre, un double cadeau, pour la nature et l'enfance » du ministère de l'Education nationale de planter, par nos élèves, 8 millions d'arbres fruitiers (oliviers, figuiers, grenadiers et palmiers) sur une période de 6 mois à partir de cette rentrée scolaire 2008/2009 dans le souci de sensibiliser les plus jeunes sur la nécessité de préserver l'environnement au développement durable et au respect de l'arbre et des aménagements paysagers. Avant de réfléchir à la plantation des arbres, il faut d'abord les faire germer dans les têtes avant de passer à l'acte. Quoique l'idée de cette opération soit bonne, on dirait même une excellente initiative si on tient compte du désert écologique qui nous entoure. L'extravagance se situe sur le nombre d'arbres à planter, d'un coup et sans transition, on veut passer de zéro à 8 millions ! Mais, au fait, une question fondamentale me taraude l'esprit : on ne nous a pas donné le secret de la trouvaille des 8 millions de plants destinés à ce colossal projet, planter 8 millions d'arbustes équivaut à 44 444 par jour ! Ce chiffre donne déjà le tournis. Si l'on ôte les 15 jours de vacances de l'hiver suivis au moins d'une semaine du printemps sans compter les week-ends et les jours fériés, le taux de plantation par jour va encore s'accroître. Encore faut-il se demander où va-t-on les planter, quand même pas dans les cours des écoles, mais certainement sur des terres agricoles qui devraient être déjà réservées. A-t-on songé à l'après-plantation ? Qui est-ce qui va les entretenir et les irriguer en permanence ? Les concepteurs ont-ils bien réfléchi au devenir de ces pauvres arbustes ? Un brin d'arbre, c'est comme un bébé, il faut s'en occuper en le soignant et en l'allaitant ; autrement, c'est la perte évidente. Enfin, une dernière question : va-t-on les semer ou les jeter ? On ne peut compter le nombre d'arbres effectivement plantés qu'à l'issue de la fin de cette titanesque entreprise, ne parler d'arbres fruitiers que lorsqu'ils commenceront à donner effectivement de vrais fruits. Tout le monde connaît le début de programme du million d'arbres plantés dans le cadre du fameux et célèbre PNDRA du ministère de l'Agriculture. L'opération a débuté avec un grand vacarme médiatique, mais après quelques années, l'Algérien n'a aucune statistique sur le nombre d'arbustes qui ont effectivement grandi en arbres fruitiers. Les leçons avec des slogans démesurés sont à méditer. Il vaut mieux aller doucement, mais sûrement. La plaie de notre pays se situe dans le suivi tous domaines confondus. Les actions de type folklorique ont déjà montré leurs limites, elles ne servent généralement que de « tape-à-l'œil » et ne s'intéressent qu'au présent en chauffant la galerie. On ne se soucie guère de l'après-moi-même si ce sera le déluge. Des immeubles, des écoles, des universités, des structures sportives... deviennent laids, piteux, dégradés après seulement quelques années de leurs réalisations. Personne ne rend compte de ses actes, c'est l'une des blessures engendrées à l'Algérie. Pour l'opération du ministère de l'Education, je souhaiterais de tout cœur être contredit, désavoué et démenti au soir de la Journée mondiale de l'arbre. Même si on perd la face, pourvu que l'Algérie gagne. Nous espérons que ces deux initiatives presque fictives dans notre pays seraient suivies dans le futur par un palpable éveil en attendant le réveil réel de la société algérienne pour l'écologie et l'environnement en général. La prise de conscience même minime est primordiale pour l'avenir. C'est l'appel au secours de la nature qui nous interpelle, ne la décevons pas, soyons attentifs à ses multiples SOS. La situation n'est pas irrévocable, on peut mieux faire. Un sursaut écologique citoyen est plus que souhaitable pour le bien-être des Algériens et de l'Algérie. Il faut laisser une Algérie propre aux futures générations. L'auteur est universitaire-Mostaganem