La Journée mondiale de lutte contre le sida sera célébrée aujourd'hui à travers le monde. Placée sous le thème « Femmes et filles, VIH/sida », ce rendez-vous international est marqué par une série de rencontres scientifiques à travers plusieurs activités organisées par les professionnels en la matière. La sensibilisation pour une meilleure prévention est l'axe principal de ces rencontres, à l'image de la journée sur le sida organisée, hier à la Bibliothèque nationale du Hamma, à Alger, par Galaxie communication en collaboration avec la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Une journée à laquelle se sont jointes l'association Solidarité AIDS, l'Onusida Algérie, l'Association nationale des droits de l'homme et les associations El Moustakbel et Koubaouia. Les différents intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer la prévention et la sensibilisation contre ce fléau social qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Des experts en la matière à l'instar du professeur Dif, chef de service à l'hôpital El Kettar et président du comité d'organisation, et du professeur A. Amrane de la même structure hospitalière ont insisté sur la prise en charge des malades et la stratégie de lutte qui s'étale jusqu'à 2006. La représentante de l'Onusida Algérie, Mme Lounnas, est revenue sur les tendances mondiales relatives à cette maladie et le comportement de la communauté internationale à l'égard du continent africain, dont 70% de la population sont contaminés par le virus. Elle a rappelé que 40 millions de personnes vivent avec le virus du sida dont 25 millions dans la région subsaharienne qui ne représente que 10% de la population mondiale. Elle a également relevé que 7,1 millions sont enregistrées en Asie, une région qui représente 60% de la population mondiale. Pour la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, elle regrette que cette partie du monde soit négligée et considérée comme étant protégée par sa culture. « C'est une hypothèse fausse », dira-t-elle. Elle a signalé que, pour l'année 2004, le nombre d'infections a augmenté dans la région. 92 000 nouvelles infections ont été déclarées pour l'année 2004 contre 72 000 en 2003. Pour la représentante de l'Onusida, le Soudan figure parmi les pays les plus touchés de la région, ce qui est, selon elle, dû au « manque de surveillance dans cette partie du monde qui ne constitue pas une priorité pour la communauté internationale qui souvent lui accorde une faible prévalence ». A propos de la contamination par sexe, Mme Lounnas a précisé que le nombre de femmes contaminées a augmenté depuis une année. Il est passé, selon elle, de 41% en 2002 à 50% en 2004 dont la tranche d'âge varie entre 40 et 49 ans. « En Afrique, 76% de jeunes âgés entre 15-24 ans sont contaminés et la proportion des femmes est élevée », a-t-elle ajouté. Par ailleurs, dans un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rendu public, hier, à l'occasion de Journée mondiale de la santé, il est recommandé que les femmes et les jeunes filles vivant avec le VIH sida doivent avoir accès aux antirétroviraux qui permettront de sauver leur vie. L'OMS invite les pays à fixer des cibles nationales spécifiques pour le traitement des femmes et des jeunes filles et prendre les mesures voulues pour garantir un accès équitable aux services de prévention et de traitement du sida. L'OMS a précisé que 47% des personnes infectées par le VIH dans le monde sont des femmes, des jeunes filles et des fillettes. L'accès au traitement Pour pouvoir assurer un accès équitable au traitement et suivre l'évolution de la situation, ajoute l'OMS, les pays devront recueillir des données non seulement sur les personnes qui sont infectées, mais aussi sur le nombre d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont accès à la prévention et à un traitement. « Pour garantir aux femmes et aux jeunes filles un accès équitable aux services de prévention et de traitement, il faut que les pays fixent leurs propres cibles nationales qui doivent refléter la proportion des hommes, des femmes et des enfants vivant avec le VIH et ayant besoin d'un traitement », a souligné le directeur général de l'OMS, le docteur Lee Jong-Wook. Selon les estimations, la proportion des femmes dans le monde qui ont subi de la part de leurs partenaires des sévices physiques ou sexuels au cours de leur existence se situe entre 1/5 et 1/3. Des études effectuées en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Rwanda font apparaître un risque de contamination par le VIH trois fois plus important chez les femmes victimes d'actes de violence que chez les autres. Ainsi, l'OMS et l'Onusida publient aujourd'hui deux documents visant à garantir l'égalité d'accès au traitement antirétroviral dans le cas des groupes exposés et marginalisés susceptibles d'être sous-desservis, en particulier les femmes. Le premier document définit les principaux facteurs qui conditionnent l'accès des femmes au traitement et aux soins concernant le VIH ainsi que les mesures à prendre pour réduire les effets de l'inégalité entre les sexes sur l'utilisation des services de lutte contre le VIH par les femmes. Le second, sur l'éthique et l'accès équitable au traitement et aux soins concernant le VIH : « Guidance on Ethics and Equitable Access to HIV Treatment and Care ». Ce document souligne aussi qu'il est important d'associer tous les partenaires à un processus ouvert et transparent pour planifier les services et établir un ordre de priorité pour le traitement.