Un incident causé par un jet de pétards a fait ressurgir la violence dans le M'zab où coexistent assez difficilement dans la ville de Berriane les Ibadites et les Malékites et à Ghardaïa les Chaâmba et les Ibadites, unis par l'Islam mais que sépare la pratique de rites différents. Mais globalement, au fil du temps, ces deux communautés ont appris à vivre ensemble, sans mettre en confrontation leur particularisme. Les troubles qui apparaissent ponctuellement sont essentiellement liés à des difficultés de cohabitation dans une région surpeuplée, happée par la modernité et soumise à des bouleversements sociologiques très importants. Les incidents peuvent être évités grâce à un doigté dans la gestion locale, ce qui suppose la présence dans cette région sensible de responsables de qualité, à différents niveaux. Une politique de développement judicieuse n'est pas superflue. Présents dans toutes les régions du pays, les Ibadites sont, au demeurant, bien respectés pour leur discrétion et leur sérieux. Leurs coutumes n'ont jamais posé problème à la société algérienne, laquelle, de longue tradition, est tolérante et d'une grande ouverture, y compris aux religions différentes de la sienne que sont le christianisme et l'hébraïsme. Les fièvres d'intolérance qui ont surgi, ou surgissent épisodiquement, sont essentiellement imputables aux ambitions politiques et aux jeux politiciens surfant sur le sentiment religieux des populations. La décennie 90 est l'illustration parfaite des dégâts incommensurables causés sur la nation par l'exploitation de la foi par une minorité ivre de pouvoir. D'un autre côté, les Algériens ont à subir l'instrumentalisation des phénomènes du tribalisme et du régionalisme et sont particulièrement propices lors des rendez-vous électoraux. Les arrangements d'hommes politiques avec les chefs tribaux sont monnaie courante au détriment des intérêts vitaux du pays. A intervalles réguliers, des villes, du Sud notamment, sont la proie d'émeutes de jeunes protestant contre le favoritisme des recrutements par les sociétés activant dans leur région. Des mesures ont été prises mais leur impact est resté faible. Enfin, les élites sont particulièrement déstabilisées par les pratiques de pouvoir favorisant, pour l'accès aux postes élevés, l'appartenance géographique, tribale ou familiale au détriment de la compétence et du savoir-faire. Présente sous tous les régimes politiques depuis l'indépendance, cette pratique a été aggravée par le pouvoir actuel. Tout comme les autres Etats, l'Algérie est confrontée à des particularismes ethniques, tribaux, rituels ou religieux ancrés au sein de la société et lui conférant sa spécificité. Mais ce sont toujours des bombes à retardement, pouvant exploser à tout moment sous l'effet d'une provocation, d'une mesure politique ou publique vécue comme injuste ou d'une décision perçue comme une atteinte à la dignité.