Le 17 mars dernier, la 17e chambre du tribunal de Paris met en examen Jean-Baptiste Rivoire, journaliste à Canal+, pour avoir commis des « violences volontaires avec préméditation » sur la personne de Didier Contant, journaliste, auteur de trois enquêtes (ou contre-enquêtes) sur le massacre des 7 moines trappistes de Tibhirine en 1996. Une victoire en demi-teinte pour Rina Sherman, que la thèse du suicide n'avait jamais réussi à convaincre. Dans son témoignage intitulé « Le huitième mort de Tibhirine », R. Sherman reprend avec acharnement le fil de l'affaire, fait sa propre enquête sur la mort, dans des circonstances troubles, de son ancien compagnon. L'enquête menée par la police parisienne avait, selon elle, « conclu hâtivement au suicide ». Une thèse qui « en définitive arrangeait tout le monde », dit-elle. La mort de Contant est provoquée, d'après Sherman, par la virulence de la campagne lancée contre lui par un des « talibans de Paris », le « lobby politico-médiatique » acquis aux thèses du « Qui tue qui ? ». Victime d'une campagne calomnieuse, le reporter Didier Contant, ancien rédacteur en chef de l'agence Gamma, fait — le 15 février 2004 — une chute mortelle d'un immeuble parisien alors qu'il s'apprêtait à publier sa troisième enquête sur la mort des moines de Tibhirine. Il en avait déjà publié deux. La première dans le Pèlerin magazine en février 2003, ensuite dans Le Figaro magazine en décembre 2003. Dès la parution de l'enquête dans Le Figaro magazine, la campagne de « dénigrement » s'ébranle. Contant est accusé par ses détracteurs, notamment J. B. Rivoire, d'être un « agent » des services secrets algériens. Sous la pression, Le Figaro cède et sursoit à la publication de la seconde partie du reportage réalisé à Médéa, où Contant s'était rendu à plusieurs reprises à la recherche de témoignages de l'implication franche et sans équivoques du GIA dans la tuerie de mai 1996. L'antithèse de ce que Rivoire défendait. En avril 2002, Libération se fait l'écho d'un déserteur du DRS, arrêté en Thaïlande. Abdelkader Tigha accusait les services algériens d'être les instigateurs de l'enlèvement et de l'exécution des moines trappistes. Rivoire saute sur l'occasion. Le 1er décembre 2003, Canal+ diffuse un documentaire signé Rivoire, où il donne la parole à l'ancien officier des services algériens. Suite à quoi, une plainte contre X est déposée à Paris par une des familles des moines égorgés à Tibhirine. Contant se rend sur place et à son retour, il bat en brèche l'accusation selon laquelle le massacre serait l'œuvre démoniaque du DRS (département du renseignement et de la sécurité). Levée de boucliers dans les milieux « qui-tu-quistes », solidement implantés dans la capitale française. Désinformation, rumeur, cabale, intimidation, menace en tout genre, Contant a été acculé dans les « maquis parisiens », pour reprendre l'expression de sa compagne. Shermann doute même de sa propre quête de la vérité. Elle écrit : « Nous ne connaîtrons peut-être jamais exactement le déroulement des faits qui ont précédé sa chute du cinquième étage d'un immeuble parisien, mais au fil de mes interrogations, j'ai été dégoûtée par la manipulation de son action. Indépendamment de sa volonté, étant accusé par les séides des intégristes islamistes d'être un ‘‘éradicateur'', il s'est retrouvé dans le collimateur du réseau ‘‘Qui tue qui ?''. A la suite de la mort de Didier Contant, aucun journaliste n'a osé reprendre son enquête sur l'enlèvement et l'assassinat des moines trappistes. Aucun journaliste n'a osé mener une investigation sur les circonstances de sa mort. Deux ans après sa mort, aucun journaliste sur la place de Paris n'ose citer son nom. (…) » Fin de citation.