Le journaliste Jean-Baptiste Rivoire de canal + sera jugé en audience publique, dans la matinée du 1er octobre, au niveau du tribunal de grande instance à Paris, dans le cadre de l'affaire Didier Contant. Le juge Patrick Ramaël qui enquêtait depuis quelques mois sur les circonstances du décès du collaborateur du Figaro Magazine, Didier Contant, a décidé le renvoi de Jean-Baptiste Rivoire devant le tribunal correctionnel pour violences volontaires préméditées. Les deux journalistes enquêtaient simultanément sur la mort des moines de Tibhirine, mais avaient, chacun, une version différente des circonstances de leur assassinat. Le travail de Rivoire reposait essentiellement sur les déclarations d'Abdelkader Tigha, un sous-officier déserteur de l'armée algérienne, qui impliquait cette dernière dans la mort des moines. Contant, qui avait déjà publié un premier article dans le Figaro Magazine, s'apprêtait à proposer un deuxième, contredisant totalement la thèse de Rivoire. L'ancien rédacteur en chef du groupe Gamma avait notamment trouvé de nouveaux témoins qui affirmaient que les moines avaient été massacrés par le GIA. Rivoire contacte alors les rédactions des principaux journaux français, faisant foi d'un email reçu d'Amnesty International à Londres, pour l'accuser de travailler pour les services secrets algériens et français, et d'avoir harcelé l'épouse d'Abdelkader Tigha. Il a comme appui dans sa démarche tout un lobby favorable à la thèse du “qui tue qui” constitué d'éditeurs, d'avocats et membres d'organisation de droits de l'Homme. Devant le juge Patrick Ramaël, des journalistes, témoins des faits, ont confirmé la teneur des accusations et le harcèlement de Rivoire à l'encontre de Contant qui, selon son entourage, ne pouvant supporter ces calomnies et être mis en cause dans son intégrité professionnelle, s'est lancé dans le vide à partir du balcon de son appartement. Cette affaire, qui pouvait relever du simple fait divers, a connu une autre tournure, il y a quatre ans, lorsque Rina Sherman, la compagne de Didier Contant, a décidé de porter plainte et de se constituer partie civile, tout en relatant les résultats de ses propres investigations dans un livre intitulé le Huitième mort de Tibhirine et dans un film sous le titre Paris de mes exils. Ce procès, qui va s'ouvrir le 1er octobre, apportera peut-être d'autres révélations autour d'une affaire qui dépasse de loin une simple rivalité professionnelle. Nissa Hammadi