L'Algérie applique à pleins tubes le principe de la diversification dans le domaine de la coopération nucléaire civile. Après les accords établis avec les Etats-Unis et la France, l'Algérie a signé un double accord avec la Chine, partenaire traditionnel dans ce secteur. Fayçal Abbas, secrétaire général du ministère de l'Energie et des Mines, et Wei Jianguo, vice-ministre chinois du Commerce, ont signé ces deux documents portant sur l'utilisation pacifique de l'énergie atomique. Le département de Chakib Khelil va, selon l'agence officielle APS, collaborer avec l'autorité chinoise de l'énergie atomique dans le domaine de la recherche scientifique et de la sûreté nucléaire. L'accord porte également sur la formation du personnel travaillant dans ce secteur sensible. La Chine et l'Argentine avaient aidé l'Algérie à se doter de deux réacteurs nucléaires expérimentaux, Nour basé à Draria (Alger) et Salam à Aïn Oussara (Djelfa). Inauguré en 1993, le réacteur Salam est d'une puissance de 15 mégawatts. L'aide chinoise avait, à l'époque, suscité des critiques aux Etats-Unis. Surtout que Pékin avait aidé également la Syrie, le Pakistan et l'Iran à développer un potentiel atomique civil. Les services secrets espagnols avaient, en 1998, établi un rapport soulignant que les installations algériennes étaient en mesure de produire du plutonium de type militaire. Accusation démentie par Alger qui a rappelé que l'Algérie est signataire du traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Plusieurs officiels américains sont venus à Alger pour dire que le programme atomique civil algérien n'était pas une source d'inquiétude. Même si l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA), Gregory Schulte, a visité Alger fin décembre 2007 et a déclaré qu'il était important que l'Algérie signe le protocole additionnel au TNP. « Cela donnerait à l'AIEA un accès aux installations pour vérifier qu'il n'existe pas d'activités non déclarées », a-t-il relevé, dans une interview à El Watan. Selon un rapport de l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS), l'Algérie serait soumise depuis 2004 à de « discrètes » mais « insistantes » pressions américaines pour accepter « des visites inopinées » des inspecteurs de l'AIEA dans ses deux réacteurs. « Le programme nucléaire algérien et la volonté d'Alger de se doter de la bombe atomique préoccupent au plus haut point le département d'Etat américain », a écrit l'IFAS dans son rapport. L'Algérie a soutenu que des inspections de l'AIEA étaient régulières dans ses installations et que les règles internationales en la matière étaient respectées. Le nucléaire civil est actuellement utilisé par l'Algérie dans des projets de recherche dans les secteurs de la santé, de l'agriculture et de l'eau. Pékin apporte son aide à l'Algérie dans la recherche sur l'amélioration des capacités en matière de dessalement de l'eau de mer. C'est presque le même programme que veut développer le Maroc qui compte sur une aide américaine et russe. La Russie, qui collabore avec l'Algérie aussi, vient d'ailleurs de signer un accord de coopération nucléaire avec l'Egypte à la faveur de la visite du président Hosni Moubarak à Moscou. Vingt ans après avoir abandonné son programme, l'Egypte envisage de construire un réacteur nucléaire pour répondre à ses besoins énergétiques. Un projet de presque 2 milliards de dollars qui fait courir autant les Russes que les Américains et les Français. Une centrale nucléaire pour l'Algérie en 2018 La Russie construit actuellement la centrale Bouchehr en Iran, devenue célèbre suite aux pressions exercées sur Téhéran pour suspendre son programme atomique. L'Algérie envisage de construire une centrale nucléaire livrable vers 2018 pour préparer « l'après-pétrole ». Une ère qui intéresse de près Paris. Lors de la visite du président français à Alger, en décembre 2007, le porte-parole de l'Elysée l'a clairement dit : « Nous, on veut aller très loin dans la formation des cadres notamment. Le président Sarkozy souhaite aider l'Algérie à préparer l'après-pétrole et l'après-gaz. » Paris veut aller plus loin que Washington qui a signé, en juin 2007, un accord de coopération nucléaire civil avec Alger, principalement dans la recherche scientifique (sister laboratory). Un accord similaire a été établi avec la Libye par les Etats-Unis. Point important de l'accord algéro-français. « L'exploration et l'exploitation en commun des gisements d'uranium. » Le groupe français Areva, qui exploite depuis 40 ans les gisements du nord du Niger (deuxième producteur mondial), souhaite élargir cette exploitation à l'Algérie. Mais rien n'a encore été entrepris, puisque la France doit soumettre son accord à l'approbation de la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom) qui étudie les risques sur les populations, les dangers sur l'environnement et les aspects de sécurité. L'Euratom n'a, aux dernières nouvelles, pas encore donné son feu vert. L'ONG Greenpeace a dénoncé l'accord nucléaire algéro-français accusant Nicolas Sarkozy de « rouler » pour les intérêts d'Areva. Le signe du double accord nucléaire a coïncidé avec la présence à Alger, à l'invitation du FLN, de Li Changchun, membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois en charge de la communication qui a promis « une coopération plus étroite dans l'avenir » avec l'Algérie. Li Changchun a promis un soutien de son pays pour une accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. Evoquant la « rude » concurrence de technologie, M. Changchun a, cité par l'APS, estimé que « seul le talent et le développement des ressources humaines sont la clé de la réussite ». Il a déclaré, repris par l'agence chinoise Xinhua, avoir l'espoir que l'Algérie continuera à soutenir les entreprises chinoises à promouvoir la coopération économique et commerciale entre les deux pays. Alger, par la voix du chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, soutient Pékin dans la crise actuelle liée au Tibet et à Taïwan. « L'Algérie respectait toujours la politique d'une seule Chine. Elle a confiance dans le fait que la Chine devrait enlever tous les obstacles et assurer le succès des prochains Jeux olympiques », a déclaré Abdelaziz Belkhadem, cité par la télévision chinoise CCTV. La répression des manifestations au Tibet a provoqué un mouvement pour boycotter les prochains JO devant avoir lieu à Pékin en août 2008. Comme ce fut le cas pour les JO de Moscou en 1980.