Notons d'abord des signes qui ne trompent pas sur le remarquable développement des usages de l'Internet en France, et l'explosion des contours du domaine. Le taux de foyers connectés à l'Internet en haut débit est passé de 83,8 à 93, 4 % en 2007, faisant franchir ainsi la barre des 30 millions d'usagers de la Toile. La vaste et profonde enquête réalisée par Médiamétrie - intitulée L'homme en réseau - et publiée à l'occasion du forum, révèle aussi que 77,2% des utilisateurs voyagent sur la Toile chaque jour. Le temps moyen de l'escapade est aussi en augmentation, atteignant les 26 heures dans le mois. Le boom de l'accès aux divers genres d'usages offerts par les services de la Toile est sans doute déterminé par la démocratisation des prix d'achat de la « box triple play », permettant le cumul d'Internet, téléphone et de la télévision. Selon Médiamétrie 60% des foyers ont opté déjà à l'offre couplant téléphone et Internet. Le choix des sites visités est porté en priorité vers des informations pratiques : météo, sport, actualité. L'enquête souligne la remarquable progression du commerce en ligne. Le taux de personnes interrogées ayant opéré un achat via Internet passe de 31,8% en 2006 à 35,1% en 2007. De tous les genres pratiqués sur la Toile la vidéo continue de s'afficher en produit roi : l'enquête indique qu'à la fin 2007 pas moins de 13 millions d'internautes ont consulté des contenus vidéo. La progression d'audience de ce genre est ainsi de 40% en une année. Les sites spécialisés en le domaine, en particulier YouTube et DailyMotion, en ont été les bénéficiaires. Dans le sillage de l'extension du nouveau média dans la société des délits de nouveaux types prolifèrent. L'un des experts participants au Forum, commandant de gendarmerie, y a été de cette expression : « En retournant chaque jour cette gigantesque botte de foin, nous tombons sur une infinité d'aiguilles… » La Division de la lutte contre la cybercriminalité, créée en 1995, a eu à traiter pas moins de 660 affaires criminelles en 2007. Les genres de délits vont de la pédophilie au trafic de permis à points. « Nombre de particuliers, n'ayant plus besoin de leurs voitures parce qu'ils s'expatrient en Afrique ou dans les Dom-Tom, tentent de négocier leurs points à des automobilistes en ayant cruellement besoin pour continuer à travailler », informe un cybergendarme. Dans le détail des délits commis, les experts citent aussi diverses escroqueries de faux casinos, trafics d'animaux protégés par la Convention de Washington. Dans d'autres registres figurent les incitations à la haine raciale ; le trafic de cartes bancaires piratées, ou les recettes de fabrication de bombes artisanales. La riposte technique récente a été la mise en activité du système « Advestisearch ». Ce logiciel inventé par une entreprise parisienne permet à un puissant moteur de recherche de « fouiller » en profondeur des sites suspects et leurs pages cachées. Un expert en donne ainsi ses originales capacités : « Contrairement à un moteur de recherche classique, notre prototype donne une réponse immédiate tout en continuant à balayer Internet pour dénicher à l'infini toute nouvelle infraction correspondant à la demande ». Le vaste programme de régulation de l'Internet – forcément de collaboration de tous les Etats du monde – intervient dans les mêmes jours où la France a innové par la création en son Gouvernement d'un département d'un nouveau type : le secrétariat d'Etat à l'Economie numérique. Son autre spécificité est d'être lié au Premier ministre, en charge aussi du dossier de la politique audiovisuelle extérieure de la France.