Le ministère russe des Finances et Rosoboronexport, groupe qui détient le monopole des exportations d'armement russe, se sont abstenus d'avancer une date de possible reprise des paiements. La récente décision du gouvernement algérien de restituer à l'exportateur russe d'armements Rosoboronexport 15 MIG-29 SMT livrés en 2006 et 2007 semble avoir vexé au plus haut point Moscou. C'est probablement de la seule manière qu'il convient d'expliquer la résolution inattendue prise, hier, par les autorités russes de reporter la livraison de 28 chasseurs Su-30 MKI commandés également par l'Algérie en 2007. Selon le quotidien russe Kommersant qui a rapporté l'information, les raisons de ce report avancées officiellement tiendraient au fait qu'Alger ait pris du retard dans le paiement de ces chasseurs. Réputé pour être un journal ayant de solides entrées dans les milieux d'affaires moscovites, Kommersant a ajouté que la partie algérienne a carrément cessé d'honorer les contrats militaires signés avec la Russie depuis octobre 2007. Une démarche, croit savoir ce quotidien, motivée par le renvoi des MIG défectueux. Le ministère russe des Finances et Rosoboronexport, groupe qui détient le monopole des exportations d'armements russes, se sont, quant à eux, abstenus d'avancer une date de possible reprise des paiements, a précisé la même source. Celle-ci a mentionné également qu'un représentant du groupe Irkout, le constructeur des Su-30 MKI, a indiqué que l'Algérie avait reçu dix appareils avant de confirmer lui aussi le fait que le reste de la livraison (18 appareils) était différé en raison du retard pris dans les paiements. Kommersant, qui se réfère à des sources au sein du groupe MIG, a révélé en outre que les 15 MIG livrés à l'Algérie entre 2006 et 2007 seront restitués avant fin avril 2008. Le contrat portant sur le renvoi des MIG avait été conclu entre l'armée de l'air algérienne et Rosoboronexport début février 2008. Il est à rappeler qu'Alger avait décidé de renvoyer les appareils en question après avoir constaté que d'anciennes pièces avaient été utilisées dans leur construction. Une décision à propos de laquelle la partie russe n'avait pas, au début, trouvé à redire. Plus encore, de nombreux spécialistes russes en matière d'armement avaient qualifié les arguments avancés par l'Algérie de plausibles, vu le caractère vétuste de l'industrie russe de l'armement. Cependant, Moscou a vite fait de changer de discours et de « politiser » l'affaire en soutenant notamment l'idée que l'Algérie avait, dans le dossier des MIG, cédé à des pressions occidentales. Mais les observateurs ont retenu surtout dans cet épisode un fait inédit : c'est la première fois en effet dans l'histoire que les Russes se voient restituer des armes. Et bien entendu, cela a dû porter un coup à l'orgueil de la Russie et à la crédibilité des constructeurs russes. Un coup que visiblement Moscou, au vu de sa réaction, n'arrive pas encore à digérer.