Le gouvernement algérien reste, étrangement, de marbre devant le flux ininterrompu de déclarations fracassantes d'officiels russes sur ce qu'il est désormais appelé « Affaire des Mig-29. » Pour l'heure, aucune réaction officielle n'est venue, côté algérien, éclairer les contours de cette affaire aux allures de fiasco, ni même répondre aux accusations, peu légères au demeurant, et menaces, à peine voilées, du partenaire russe. La décision algérienne de renvoyer à l'expéditeur – le constructeur d'armement russe Rosoboronexport – 15 appareils Mig-29 SMT présentant des « défauts » de fabrication, y est pour beaucoup dans la réaction épidermique de Moscou. A Moscou, le temps était avant-hier aux mesures de « rétention ». Les autorités russes ont décidé de « reporter » la livraison de 28 chasseurs Su-30 MKI commandés par l'Algérie en 2007. La raison officiellement avancée (selon le quotidien russe Kommersant) est le « défaut de paiement » par la partie algérienne. Cette grave « accusation » est assortie d'une menace de « non-restitution d'un acompte versé par l'Etat algérien ». C'est ce qu'a rapporté hier la très officielle agence de presse Ria Novosti dans un article publié sous le titre « Alger retourne sa veste ». Novosti cite un « représentant du Service fédéral de coopération militaire et technique » qui affirme que la Russie « ne compte pas restituer les 250 millions de dollars versés par Alger à titre d'acompte ». Le 25 mars, c'est Andreï Doutov, directeur de l'agence fédérale russe de l'industrie, qui révèle dans un entretien au quotidien économique Vedomosti que l'Algérie avait annulé une commande de 34 chasseurs Mig-29, pour un montant de 1,3 milliard de dollars. Pour des raisons « politiques » avait-il estimé. Le gros contrat d'armement passé entre Alger et Moscou en mars 2006 à la faveur de la visite en Algérie de l'ex-président russe, Vladimir Poutine, au montant « historique » de 7 milliards de dollars en est-il pour autant menacé ? Pas si sûr. Le contrat qui portait, selon Novosti, sur l'acquisition de 28 chasseurs Su-30MKI (A), 34 Mig-29SMT, de 16 avions-école Iak-130, de 4 systèmes de missiles sol-air S-300PMU-2, de 38 missiles sol-air Pantsyr et de 185 chars T-90C est aux yeux des autorités militaires algériennes d'actualité. C'est ainsi qu'au MDN, on affiche prudence et réserve. Du wait and see en attendant que l'orage russe passe. Pour le ministère de la Défense nationale, il n'existe « aucun problème » avec les autorités russes concernant la suite donnée aux contrats d'armement passés entre l'Algérie et la Russie. « Les contrats en question nous suggère-t-on sont maintenus. » A propos des révélations faites par Kommersant, journal russe introduit dans les milieux d'affaires, notre source s'est refusée à tout commentaire. « Une cuisine interne » qui n'influerait pas, d'après elle, sur le cours des événements.