Connu pour être l'un des bastions de la révolution armée, 20 ans après sa promotion au rang de commune, Ouled Braham n'a de son statut d'APC que la dénomination. Ses 9000 âmes sont abandonnées à leur sort et la majorité s'accorde à dire que le découpage a profité beaucoup plus aux élus qui se sont succédé à la tête de l'assemblée qu'aux administrés. Cette commune est située à 56 km à l'extrême sud-est de la ville de Bordj Bou Arréridj et à quelques encablures d'un des fameux PC de la Wilaya I historique (Ouled Tebbane, Sétif). Inutile de parler de chômage, puisque les opportunités de travail sont inexistantes en dépit des richesses locales à l'instar de la briqueterie qui a englouti plus de 20 milliards. A ce jour, elle demeure inexploitée et sert d'abri aux pigeons. Le site sur lequel est implanté le projet renferme des gisements d'argile estimés à plus d'un siècle d'exploitation ; le minerai en question est acheminé par une entreprise privée vers Bordj Bou Arréridj. Le coin perdu, comme l'appellent ses habitants, ne dispose d'aucune infrastructure, hormis les sièges de la gendarmerie, de l'APC et de 20 logements dont la qualité des travaux avaient suscité la grogne des bénéficiaires, et qui de surcroît ne sont pas raccordés au réseau d'AEP et d'électricité. Pas loin d'ici, un fatras de béton laisse apparaître des dalles d'environ 36 m2 inachevées de la construction évolutive. Dans la foulée, un citoyen nous lança : « Les responsables, on ne les voit que les jours coïncidant avec les fêtes nationales, voire le temps de lire El Fatiha (ndlr, ici sont enterrés 400 martyrs). » Les populations vivent essentiellement de l'élevage et de la culture maraîchère, une terre fertile qui vole à leur secours, la manne du ciel de ses deux dernières années a rendu le sourire aux fellahs et dissipé les craintes. Côté pédagogique excepté le CEM, les écoles primaires sont dans un état peu enviable, transformées en véritables terrains vagues clôturés, l'école ne figure certainement pas parmi les priorités de l'APC. Cloîtrés dans un statut de misérable, les habitants sont contraints de faire le déplacement à Ras El Oued (14 km) pour la moindre des courses, y compris pour rembourser une ordonnance, pourtant la CNAS n'a pas cessé depuis quatre ans de demander à l'APC ne serait-ce qu'un local de fortune pour ouvrir un centre payeur. En vain, et enfin l'image qui incarne le laxisme des élus est qu'en pénétrant dans le territoire de la commune la première chose qui frappe le visiteur, ce panneau de fortune rouillé et hideux sur lequel est écrivaillé « commune de Ouled Braham », pourtant c'est le village natal d'un des grands oulémas de la nation, en l'occurrence Bachir El Ibrahimi, comme si la commune n'avait même pas de quoi se curer les dents. La première sortie sur le terrain du nouveau wali a été consacrée à cette région, les citoyens sont à l'écoute.