Pour le commun des mortels, Aïn Oulmène est un carrefour de prédilection de négoce tous azimuts. Il suffit de bouger pour gagner ne serait-ce de quoi subvenir à ses besoins « ici rien ne se perd, tout se vend » telle est la devise des négociants. Elle fut élevée au rang de commune vers la fin du XIXe siècle au même titre que la ville de Skikda à la faveur du même découpage, nous dit-on, et en parallèle aucune dynamique susceptible d'améliorer le cadre de vie des citoyens ou éloigner le spectre de la clochardisation de la ville n'est venue accompagner, si on ose dire cette promotion. Une virée dans l'un des quartiers intra-muros suffit au visiteur pour constater l'amère réalité dans laquelle patauge une cité de 100 000 âmes qui a vu sa population tripler en 10 ans à la faveur d'un exode rural sauvage et effréné, en réalité elle n'a de statut de daïra que la dénomination. La décennie qui a fait beaucoup de mal à la région meurtrie par tant d'exactions et de destructions a plongé la daïra ainsi que les contrées limitrophes dans d'inextricables problèmes. Un cadre de vie dégradé et un réseau routier défectueux qui respire misère et désolation à la fois. N'était la nécessité absolue, beaucoup d'automobilistes renonceraient à sortir leurs véhicules du parking : « Maintenant que les travaux de raccordement au réseau du gaz naturel et ceux de l'assainissement sont achevés, les responsables en charge de la gestion de la cité n'auront pas d'allégations solides à brandir comme à l'accoutumée », dira un citoyen. Des égouts à ciel ouvert au lotissement des 583 et pour la plupart sans tampon avec les risques qu'ils peuvent engendrer, avec un degré moindre pour les lotissements des 360 et 616 où on déplore l'absence de viabilisation, pourtant les propriétaires avaient payé rubis sur l'ongle et au moindre centime l'agence foncière qui a été éclaboussée en 1999 par une affaire. « La patience des citoyens du lotissement, ayant tenu leurs engagements, a des limites. Les instances en charge du cadre de vie sont interpellées pour assumer les responsabilités qui sont les leurs. A moins qu'ils n'attendent une catastrophe pour déclencher le branle-bas de combat », souligne un autre. La cité jouxtant la RN 28 à la sortie nord incarne tout le mal dont souffre la ville, par temps de pluie, elle se transforme en un immense bourbier, des mares d'eau stagnantes qui peuvent contenir sans polémique aucune des masses de la taille d'un chameau. Les collégiens de Louktarat en savent quelque chose. « Les routes ressemblent à tout sauf à des chemins : les crevasses sont partout. L'hiver, nous pataugeons dans la boue et l'été, c'est la poussière qui nous étouffe. Les autorités et les entreprises qui ont terminé leurs travaux de terrassement devraient penser à combler ces gouffres et à s'occuper un peu du tissu routier de la ville qui est pourtant l'une des plus importantes de la wilaya. En dépit de son rang, elle souffre de l'indifférence qui ne dit pas son nom », s'emportent des citoyens que l'état indescriptible des chaussées importune. Tancés par les tares et maux qui collent, telle une peau de chagrin à la cité, les citoyens comptent sur les pouvoirs publics devant aider la région à sortir de son marasme. Cette volonté peut se traduire par les visites périodiques du chef de l'exécutif qui veille personnellement sur les différents projets octroyés à Aïn Oulmène par le fameux programme des Hauts-Plateaux initié par le président de la République. En attendant, Aïn Oulmène célèbre pour son indétronable brochette continue à broyer du noir.