Le 7 avril dernier le tribunal de Constantine m'a condamné à 6 mois de prison ferme et une amende de 50 000 DA. Quatre éditeurs ont écopé d'une amende du même montant pour avoir publié la lettre ouverte que j'avais adressée au général Betchine, en octobre 1998. Ce verdict a été rendu au nom du peuple algérien. Il a condamné ceux qui ont dénoncé un homme qui a torturé les enfants du peuple algérien, détourné les biens du peuple algérien et violé les lois de la République algérienne. Nous avons été condamnés pour diffamation. Or, une lecture objective et attentive ne relèvera pas un seul terme diffamatoire, tant j'étais très soucieux de ne pas tomber dans le piège constamment tendu aux journalistes qui dénoncent les malversations des responsables politiques. Dans cette lettre, j'ai dénoncé certaines pratiques du général Betchine. La justice aurait dû ouvrir une enquête pour vérifier si ces dénonciations sont fondées ou tout simplement calomnieuses. Je tiens, par ailleurs, à rappeler que ces dénonciations je les avais publiées à la une de l'édition du 20 mars 1994, du quotidien Le Libre dont j'étais le fondateur et directeur de la publication. A cette époque, le général Betchine ne m'avait pas intenté de procès. Il s'était limité à répondre par l'insulte et l'injure. Si la justice se décidait à ouvrir une enquête sur ces graves accusations que je porte contre le général Betchine, je me mets à sa disposition dès qu'elle le jugerait utile. 1/ La torture En attendant, je livre ces quelques éléments de preuves à l'opinion publique nationale pour juger, d'elle-même, du bien-fondé de ces accusations. Le général Betchine peut bien avancer que lors des événements d'octobre 1988, je n'étais pas en Algérie. Il peut également avancer que je ne faisais pas partie de la DCSA dont il était patron. Ce qui est aussi vrai. Mon témoignage, en ce qui concerne les séances de torture qu'il dirigeait à la caserne de Sidi Fredj, je le tiens de ce qui m'a été rapporté par d'anciens officiers de la DCSA. Sur les événements d'octobre 1988, le général Betchine, en me racontant qu'il avait « seulement fait ramper les jeunes sur du gravier », reconnaissait qu'il y avait eu torture et qu'il était présent. Il peut, aujourd'hui, se rétracter et nier ce qu'il m'a dit. Cela ne m'étonnerait pas.Cependant, il ne pourra jamais nier qu'il y a eu torture à la caserne de Sidi Fredj, puisque le général Khaled Nezzar l'avait reconnu dans un témoignage recueilli par le journaliste Sid Ahmed Semiane (SAS), publié dans un livre où il avait fait parler les principaux acteurs qui avaient participé aux événements d'octobre 1988. L'ancien ministre de la Défense nationale, cite Kaddour Lahouel, le beau-fils de l'ex-président Chadli Bendjedid, parmi les personnes qui ont assisté aux séances de torture des manifestants qui ont eu pour théâtre la caserne de Sidi Fredj. A cette époque, Kaddour Lahouel était wali de Tipaza. Il suffit de le convoquer devant la justice pour qu'il nous dise qui il avait introduit dans la caserne et avec qui avait-il participé à la torture des jeunes manifestants. Et on laisse la justice suivre son cours. On verra alors si ma dénonciation est vraie ou calomnieuse. 2/ Violation des lois de la République Qu'on me trouve un seul document public attestant que le général Betchine, après sa démission de ses fonctions à la présidence de la République, avait fait sa déclaration de ses biens. Ayant dépassé les deux mois réglementaires pour faire sa déclaration de patrimoine conformément à l'ordonnance n° 97-04 du 11 Janvier 1997 et du décret exécutif n° 97-227 du 23 juin 1997, Betchine s'expose aux sanctions prévues par les articles 228 et 301 du code pénal. Sa non-déclaration est assimilée, selon l'ordonnance 97-04 du 11 Janvier 1997, à une fausse déclaration. Il est tenu de déclarer l'ensemble de ses biens, y compris les caractéristiques de son habitation individuelle, les bijoux, les montants des comptes bancaires, etc. Il y a lieu de signaler que dans sa déclaration lors de sa prise de fonction, il avait omis volontairement de déclarer la Sarl Cirta Com, la deuxième ligne de crédit qu'il devait investir pour la réalisation d'une usine d'émail, un terrain à bâtir à Aïn Smara où il projetait de construire une clinique en association avec Benboualia et Yahia Guidoum (l'un apporte les finances, l'autre le savoir-faire et Betchine la caution morale). L'acte notarié de cette société a été enregistré en 1993, (Benboualia possède une copie de cet acte) chez le notaire Kaddour Mohammed, 4e kilomètre, route d'EI Khroub. 3/ Détournements des biens de l'état Le général Betchine ne pourra pas nier qu'après son départ de la DGDS, il avait gardé le véhicule de service, la Peugeot 505 VSD de couleur gris métallisé. Les témoins qui l'ont vu à bord de cette voiture se comptent par centaines. Il ne pourra pas non plus nier le détournement de la villa de fonction, qu'il avait fini par vendre comme si c'était un bien personnel. Parmi les biens détournés de façon abusive, je cite un chalet à Aïn El Bey à Constantine, qu'il a vendu pour 180 millions en 1992 (c'était une fortune à l'époque), une villa dans le quartier de Bellevue à Constantine (vendue également), deux villas à Moretti. En plus des villas, il a acquis des locaux commerciaux. Il a bénéficié de deux lignes de crédit italiennes par le biais du Crédit Populaire d'Algérie à Constantine. L'un pour la construction d'une usine de céramique à Oued Seguen. Elle est entrée en production depuis plusieurs années. La seconde était destinée à la construction d'une usine d'émail. Ces lignes de crédit ont-elles été remboursées par le général Betchine ? A la justice d'enquêter. 4/ Abus de pouvoir Ce sont les abus de pouvoir qui ont fait de Mohamed Betchine le général qui a le plus fait parler de lui, mais en mal. Ces dépassements sont tellement nombreux que je me limite à n'en citer que quelques-uns : la suspension d'El Watan le 15 novembre 1994, pour une durée de 15 jours, pour avoir insinué que le journal était derrière la suspension du llibre et de mon interpellation par les services de police. Une suspension qui n'a jamais été notifiée à El Watan, La suspension du quotidien Liberté et l'arrestation de deux de ses responsables pour avoir publié dans la page Radar, une information selon laquelle il serait pressenti pour le poste de ministre de la Défense. La suspension de l'hebdomadaire Le Libre pour une durée indéterminée, alors que la loi la limite à six mois au maximum. L'utilisation abusive du titre El-Acil enregistré en mon nom personnel au Cnrc. Les accusations que je porte contre le général Betchine sont claires et précises. Elles ne souffrent d'aucune ambiguïté et les preuves sont là. D'autres détails et des documents sont publiés sur le site www.agirpourlalgerie.com et que je suis prêt à mettre à la disposition de la justice. Le 8 avril 2008