Le jeune B. Mansour, âgé de 24 ans, a été enterré mercredi dernier au cimetière municipal de Gdyel. Oran. De notre bureau La victime a, selon des témoins oculaires, tenté de mettre fin à ses jours deux jours avant le déclenchement des émeutes qui ont eu lieu les 15 et 17 avril 2008. Ses voisins, une centaine de jeunes livrés à eux- mêmes dans un faubourg des plus marginalisés, El Hammar, nous ont fait savoir que cet incident était la cause des événements dramatiques qui ont secoué la commune. « Mansour était un vendeur de poisson à Souk el fellah. Il a été interdit à maintes fois d'exposer sa marchandise à même le sol, mais les conditions difficiles qu'endure sa famille l'obligèrent à affronter à chaque fois les agents de l'ordre », confia son oncle. La situation s'accentua dimanche 13 avril où il a vu les deux casiers de sa marchandise détériorés. Furieux, il se dirigea vers son domicile familial pour déchirer tous ses documents personnels et disparaître par la suite. « C'est la première fois que je voyais mon fils pleurer. Le fait qu'il n'ait jamais bénéficié d'un local où il peut exercer son activité commerciale loin des tracasseries policières l'a vraiment bouleversé. Après sa disparition, on n'a pas de quoi vivre, surtout que le cas de ses deux frères ne fait pas exception de la situation vécue par les jeunes d'El Hammar où le chômage a atteint des proportions alarmantes », nous raconte la mère de la victime. « J'ignore toujours les circonstances du suicide de mon fils. L'information du suicide m'a été rapportée par certains voisins », ajoute-t-elle. Lundi dernier, le jeune Mansour a été évacué en urgence au service des UMC d'Oran où il succomba à ses blessures. A El Hammar, tous les jeunes que nous avons rencontrés crient à l'injustice. « Nous sommes outrés par le comportement des agences de l'emploi qui refusent de nous insérer dans leurs programmes, notamment celle d'Arzew à laquelle notre commune est rattachée administrativement », déclare un groupe de jeunes. En effet, les conditions de vie dans ce faubourg empirent. Il suffit de faire un petit tour à l'agglomération pour constater l'enclavement auquel s'ajoutent la dégradation du cadre de vie et le marasme social. « Toutes les routes sont impraticables, l'éclairage public est presque inexistant dans plusieurs coins du village et nos jeunes sont exposés aux méfaits du chômage », dira un habitant. En attendant que l'aide octroyée par la Banque mondiale dans le cadre du désenclavement des sites déshérités apporte un plus à ce faubourg, les responsables locaux se sont engagés à porter secours à une jeunesse représentant une véritable bombe à retardement.