Une délicieuse pause café a eu lieu à la librairie Média-Plus ce jeudi 24 avril. Mamâar Farah, journaliste chroniqueur au Soir d'Algérie a fait le bonheur des lecteurs de la ville des Ponts à l'occasion d'une séance dédicace organisée pour la parution de ses deux derniers ouvrages Le rêve Sarde et L'express de nuit aux éditions Le Soir d'Algérie. La séance a été un moment émouvant au cours duquel l'auteur signait non pas deux ouvrages mais deux récits de vie. A travers Le rêve sarde, Mamâar nous livre les angoisses de Karim un homme qui, arrivé à 60 ans, constate avec effroi que la société dans laquelle il vit, ne lui appartient plus. Sur une plage, il rencontre des émigrés clandestins, des « Harraga », peut-être. Karim est lui-même écrivain ; il écrit un roman et son héros Massoud-par un jeu de miroir troublant-lui renvoie sans cesse son propre reflet. Cette projection infernale d'un personnage sur un autre nous entraîne loin dans l'univers de la folie. Le rêve sarde est « un rêve au-delà des mers », confesse l'auteur. La problématique du départ que soulève l'ouvrage est kafkaïenne. Partir pour quel ailleurs ? Un ailleurs qu'on voudrait vivre chez soi mais qu'on ne trouverait pas ? Un ailleurs qui même au-delà des mers n'existerait pas ? Tel un conteur à la flûte enchantée, Mamâar continue, et nous fait sillonner à travers ses songes. L'express de nuit est un récit de voyages parcourus en train à travers les anciens pays socialistes. « J'aime le train depuis mon enfance », chuchote presque l'homme qui, à travers cet ouvrage, compose un hymne à la rencontre, aussi éphémère soit-elle. Le roman traite de ces longues conversations qu'on peut avoir dans un train avec des compagnons de route, inconnus. Les protagonistes de Farah sont des hommes et des femmes lambda, tous appelés à prendre une décision importante dans leur vie. Ils se livrent, se confessent et s'apprennent des choses sur leurs vies, sur les us et coutumes de leurs pays. Le train s'arrête, et la rencontre s'achève. Mais pour l'auteur, c'est tout un rêve qui s'effondre. Mâamar Farah, un homme, un journaliste, écrivain et poète mais son écriture est surtout celle de la rencontre. L'interaction de deux idéaux guidés par un même amour et un même « enfantement dans la douleur ». Une Algérie qui s'en va et une autre qui revient. Un passage de la nostalgie à l'espoir, l'espoir désespéré de partir pour désespérément revenir.