439 irakiens morts à Sadr City entre civils et combattants. Ce bilan est l'un des plus meurtriers depuis fin mars. Lentement, mais sûrement, la situation se détériore en Irak, et plus grave qu'une guerre de clans ou de chefs, elle met en danger l'existance même de ce pays en proie aux violences confessionnelles et même au sein de l'ethnie dite majoritaire. Il s'agit de son poids numérique bien entendu, car la communauté chiite est elle-même divisée sur nombre de questions et cela déborde dans la rue et se règle à coups de canons, brouillant davantage les perspectives d'accalmie et partant, la présence militaire américaine directement liée à cette situation où ses alliés directs ne sont pas en réelle position de force. Et le chef de l'Etat, le Kurde Jalal Talabani, se retrouve dans la position de médiateur. Ainsi donc, les combats entre troupes américaines et miliciens chiites se sont intensifiés dans le bastion chiite de Sadr city à Baghdad alors que des négociations entre le gouvernement irakien et le jeune chef radical anti-américain, Moqtada Sadr, étaient bloquées hier. Selon des communiqués militaires américains publiés hier, les combats ont fait 38 morts la veille dans les rangs des miliciens qui affrontent les troupes américaines dans ce quartier populaire du nord-est de Baghdad qui abrite plus de deux millions d'habitants. Depuis le début du bras de fer entre les miliciens chiites et l'armée américaine, fin mars, ce bilan est un des plus meurtriers. Il porte le chiffre des morts irakiens à au moins 439, incluant des civils et des combattants, selon un bilan partiel établi à partir de sources irakiennes et américaines. Par ailleurs, 15 militaires américains ont été tués au cours de cette période dans ces combats qui sont les plus violents depuis 2004 entre les miliciens de l'armée du Mahdi et les forces américaines. L'accrochage le plus violent a eu lieu en début de soirée dimanche, lorsque des miliciens, appelés « criminels » par les communiqués américains, ont attaqué un poste de contrôle tenu par des forces régulières irakiennes et par l'armée américaine. Auparavant, six autres accrochages avaient fait au total 16 morts dans les rangs des combattants chiites, selon un autre communiqué. Dimanche soir, au moins quinze roquettes ou obus de mortiers se sont abattus dimanche sur la « zone verte » de Baghdad, secteur ultra-protégé du centre de la capitale où se trouvent l'ambassade des Etats-Unis et les institutions du gouvernement irakien. Le gouvernement du Premier ministre, Nouri Al Maliki, appuyé par les Etats-Un is, a indiqué vouloir en finir avec les milices armées et exige que leurs arsenaux soient remis au gouvernement. Les sadristes considèrent qu'ils sont les seuls visés par cette mesure et que M. Maliki veut les affaiblir, voire les éliminer, avant les élections régionales cruciales au mois d'octobre. Un porte-parole à Najaf (sud de Baghdad), Salah Al Obeidi, a assuré que son mouvement rejetait ces exigences, précisant toutefois que les contacts n'étaient pas rompus entre M. Maliki et Moqtada Sadr. « Il y a une série de médiations, l'une est menée par le président Jalal Talabani », a dit le porte-parole. Et même si la voie peut être dégagée, l'autorité irakienne ne sera en réalité jamais au bout de ses peines, comme au sujet des contrats pétroliers conclus avec des compagnies étrangères par les autorités locales du Kurdistan. Baghdad les a déclarés nuls, mais est-ce à dire que la question est réglée ?