Dérapages n La violence meurtrière continue en Irak sur fond de fortes tensions confessionnelles, alors que Bush tente de convaincre son opinion de l?inexistence du risque d?une guerre civile. Quinze corps d?Irakiens étranglés, les mains ligotées, ont été trouvés tôt, ce mardi matin, dans une camionnette à l'ouest de Bagdad, selon le ministère de l'Intérieur irakien. Ces morts non identifiés seraient âgés entre 25 et 30 ans. Cette découverte porte à 49 le nombre de corps découverts lors des dernières 24 heures dans les différents quartiers de la capitale. Devant cette nouvelle vague de violence, le chef chiite Moqtada Al-Sadr a critiqué le refus des oulémas sunnites de condamner sans équivoque les auteurs de ces attentats et s?en est également violemment pris aux Etats-Unis. «Si vous ne protégez pas les gens et ne les aidez pas, quelle est la raison de votre présence ici ?» a-t-il demandé à l'adresse de Washington qui déploie quelque 150 000 soldats en Irak. Il a déploré que ses coreligionnaires soient «l'objet d'attaques de Saddam Hussein, des forces occupantes et extrémistes sunnites», et appelé le Comité des oulémas musulmans et les autres groupes sunnites à «se démarquer des Takfiri», allusion faite aux sunnites qui ont déclaré la guerre aux chiites. «Il est urgent qu'ils se prononcent clairement sur ce point. Jusqu'à présent, je ne les ai pas entendus dénoncer ces groupes», a-t-il dit. Dans un communiqué, le Comité des oulémas musulmans a qualifié de crime les attentats de Sadr City. Mais la plus importante organisation religieuse sunnite d'Irak a accusé sans les identifier des forces du mal de tenter de plonger le pays dans la guerre civile. Hier, lundi, au moins seize Irakiens, parmi lesquels un journaliste et une fillette ont été tués et une soixantaine d?autres blessés dans une série d'attaques en Irak, tandis que 21 corps criblés de balles ont été découverts dont huit à Sadr City, selon des sources policières. A une semaine du 3e anniversaire de la guerre en Irak, le président George Bush a lancé sa campagne pour convaincre son opinion, de plus en plus opposée à l'engagement américain, que l'Irak ne sombrerait pas dans la guerre civile, face aux tensions confessionnelles et à l'incapacité des partis irakiens de former un gouvernement trois mois après les élections. Le gouvernement britannique a annoncé, de son côté, le retrait d'ici à mai de 10 % des quelque 7 000 soldats stationnés en Irak, mettant en avant la meilleure formation des troupes irakiennes et rejetant également l'idée que le pays s'enfonce dans la guerre civile.