Le populeux quartier de Sadr City, à Baghdad, a été l'objet de l'attaque la plus sanglante commise ces derniers mois en Irak. Le bastion chiite de Sadr City, populeux quartier de la capitale irakienne -peuplé de plus de deux millions et demi d'habitants- a été jeudi le théâtre de sanglantes attaques qui, au fil des heures, se sont révélées les plus meurtrières enregistrées ces derniers mois en Irak. D'une trentaine de morts au moment des attentats, le bilan n'a cessé de grimper tout au long de la journée de jeudi pour s'établir, dans la soirée, à 153 morts, révisé hier à la hausse avec 202 morts et de 256 blessés au lieu de 230 blessés. Dans le même temps où ces attentats sont perpétrés à Sadr City, une centaine d'hommes armés ont attaqué le ministère de la Santé dans le centre de Baghdad. Attaque repoussée par l'intervention prompte de l'armée irakienne qui a réussi à limiter les dégâts. Ce qui n'a pu être le cas à Sadr City où a été enregistré l'un des bilans le plus meurtrier en Irak où les morts se comptent désormais par centaines chaque semaine. Selon les sources médicales qui ont fourni hier le nouveau bilan chiffré des attentats de jeudi, il y a eu 202 morts et 256 blessés, mais estiment ces mêmes sources, «le bilan pourrait encore s'alourdir, de nombreux blessés étant dans un état grave». Un précédent bilan fait jeudi soir faisait état de 153 morts et 236 blessés dans les quatre attentats à la voiture piégée et les attaques aux obus de mortier qui ont visé le quartier chiite. Ces attentats qui ont eu pour cible le coeur de la communauté chiite à Baghdad, a induit la fermeture, par mesure de sécurité, des deux principaux aéroports du pays, Baghdad et Bassorah, dans le Sud, dont la population est majoritairement chiite et, pour des raisons identiques, celle de trois ports alors que le couvre-feu a été instauré pour une durée indéterminée dans la capitale. Dans une déclaration à la télévision irakienne, le général Abdel Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l'Intérieur, a indiqué que «Quatre voitures piégées ont explosé (...) et une dizaine d'obus de mortier sont tombés sur le quartier». L'une des explosions a visé un marché qui a été plusieurs fois la cible d'attentats par le passé. Dans sa déclaration, le général Khalaf a expliqué que «huit voitures piégées sont entrées dans Sadr City: quatre ont explosé, une a été interceptée par la police qui a arrêté le chauffeur, et trois autres sont manquantes et sont recherchées par la police. L'armée a encerclé le secteur». La population de la capitale irakienne était hier sous le choc des attentats de la veille à Sadr City où un nouveau carnage a eut lieu rappelant que la guerre est plus que jamais présente, que le gouvernement Maliki a échoué à assurer la sécurité aux Irakiens au moment où l'impasse politique persiste remettant en cause tous les efforts réalisés ces derniers mois, ce qui encourage les pyromanes qui entretiennent la violence qui ensanglante le pays depuis maintenant quatre années. «Ce crime est un grand danger pour la fraternité islamique et a été perpétré par des terroristes essayant de provoquer des dissensions pour briser cette fraternité», a déclaré, dans une première réaction, le Premier ministre Nouri Al-Maliki. Comme à son accoutumé, et dans les moments difficiles que traverse le pays, la plus haute autorité (spirituelle) chiite d'Irak, l'ayatollah Ali Sistani a appelé hier «à la retenue et au calme» demandant «aux gens de ne pas réagir illégalement». Mais il semble bien que le quadruple attentat contre Sadr City, fief du dirigeant radical chiite, Moqtada Sadr, avait des objectifs précis, d'autant plus que peu avant les explosions de Sadr City, une centaine d'hommes armés et masqués a attaqué le ministère de la Santé dirigé par Ali Al- Chemmari, partisan du responsable chiite radical. Relatant les circonstances de l'attaque de son ministère, Ali Al-Chemmari a indiqué à la presse: «Cela a commencé par des tirs de mortier en provenance du quartier voisin d'Al-Fahdel. Puis une centaine d'hommes masqués avec des armes automatiques ont attaqué le ministère». Par ailleurs, le vice-ministre de la Santé, Hakim Al-Zamili, avait échappé à un attentat lundi dernier, rappelle-t-on, attentat qui avait coûté la vie à deux de ses gardes, au lendemain de l'enlèvement d'Ammar Al-Saffar, un autre vice-ministre de ce ministère a été enlevé et dont on est toujours sans nouvelle. Cet acharnement contre le ministère de la Santé et ses représentants ne s'explique pas même s'il entre de plain-pied dans la stratégie de déstabilisation de l'Irak. De fait, depuis le début de l'année, au moins quatre attentats se sont soldés par plus de 100 morts pour chacun d'entre eux, dont celui de jeudi (202 morts selon le dernier bilan) marquent bien la volonté des auteurs de l'attaque d'aller au point de non-retour plongeant encore plus l'Irak dans la poursuite de sa descente aux enfers.