L'ONU et ce qu'on appelle communément le système des Nations unies vient d'accomplir sa part dans la sensibilisation de l'ensemble de l'humanité contre le risque, bien réel malheureusement, de crise alimentaire. L'ONU était dans son rôle comme elle l'avait fait il y a des années déjà, en définissant les Objectifs du millénaire, un plan sur une quinzaine d'années visant à réduire les inégalités. Et ce n'est pas la faute à l'ONU si le monde est retombé dans ce qu'il a de bien particulier, l'égoïsme et la culture des inégalités. En témoigne le dernier rapport de l'OCDE qui a démythifié ce qu'on appelle l'aide au développement. Du vent, sauf pour quelques très rares exceptions. Les promesses n'ont jamais été tenues et le flux des transferts est demeuré quant à lui négatif. L'ordre économique, fait de batailles et de vive concurrence, a ruiné les agricultures des pays du Sud, à cause des subventions allouées par les pays du Nord à leurs agriculteurs. L'analyse est loin d'être exhaustive et l'ONU en est actuellement limitée à jouer au pompier. Aussi vient-elle avec d'autres organisations internationales de se mettre d'accord pour mettre en place une cellule de crise, destinée à répondre au défi de la crise alimentaire mondiale. C'est ce qu'a annoncé, hier, à Berne son secrétaire général, Ban Ki-moon, et les dirigeants des 27 agences et organisations des Nations unies sont réunis à huis clos, depuis lundi, pour dresser un plan de bataille pour faire face à la crise provoquée par la flambée des prix des produits alimentaires. Cette cellule sera placée sous l'autorité directe de M. Ban, qui a chargé le secrétaire général adjoint, John Holmes, de sa coordination. La priorité immédiate est de « nourrir les affamés », a souligné M. Ban en demandant aux pays donateurs de répondre « en urgence et de manière complète » aux appels de fonds qui ont été lancés. Pour la conférence de presse, le patron de l'ONU était accompagné de la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran, du président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick, du directeur de l'Organisation pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), Jacques Diouf, du président du Fonds international pour le développement de l'agriculture (Fida), Lennart Bäge, et du directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy. Robert Zoellick a demandé aux Etats de ne pas recourir à des interdictions d'exportation pour faire face à la crise alimentaire mondiale, estimant que ces décisions ne font qu'aggraver la situation. Pour faire face à la pénurie alimentaire et à la flambée des prix des denrées, l'Argentine, le Brésil, le Vietnam, l'Inde et l'Egypte ont imposé récemment des limitations à l'exportation de certains produits dans le but d'assurer la sécurité alimentaire de leur population. Le gouvernement brésilien avait en outre annoncé, jeudi dernier, l'interruption de ses exportations de riz. « Nous appelons les pays à ne pas recourir à des interdictions d'exportation. Ces contrôles encouragent l'accumulation, poussent les prix à la hausse et pénalisent les habitants les plus pauvres de la planète », a déclaré M. Zoellick qui a salué à cet égard la décision de l'Ukraine, la semaine dernière, de lever ses restrictions à l'exportation de céréales, ce qui a eu pour « effet immédiat de faire baisser les cours ». « D'autres pays peuvent faire la même chose », a-t-il dit. Ban Ki-moon a déclaré qu'il avait déjà demandé à tous les Etats du monde de lever immédiatement ces mesures. Pascal Lamy, a jugé « évident que de telles mesures entraînent une hausse supplémentaire des prix ». « A court terme, ce n'est pas une bonne solution économique », a-t-il déclaré en marge de la réunion organisée à Berne par M. Ban avec les dirigeants de 27 organisations internationales, afin de dresser un plan de bataille pour faire face à la crise provoquée par la flambée des prix des produits alimentaires. Ban Ki-moon et les dirigeants des 27 agences et organisations des Nations unies s'étaient réunis pour élaborer leur plan de bataille face à la crise provoquée par la flambée des prix des produits alimentaires. « C'est un moment exaltant pour les Nations unies, mais aussi un moment où nous sommes mis au défi de faire de notre mieux pour répondre aux attentes que le monde place en nous », a déclaré M. Ban. L'ONU et ses agences doivent faire face à l'urgence pour venir en aide aux populations affamées, tout en explorant des solutions à plus long terme. Pour cela, il faudra arbitrer entre les tenants du protectionnisme et ceux de l'ouverture des marchés ou encore entre les partisans des biocarburants et leurs contempteurs. L'ONu et ses institutions ont ainsi accompli leur part de travail qui consiste non pas à atténuer les inégalités, mais de combattre la faim, ce mal qui peut mettre en danger la stabilité de la planète.