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L'Algérie appelle à consacrer le droit à l'alimentation comme pilier des droits de l'homme
Crise alimentaire mondiale
Publié dans Le Maghreb le 24 - 05 - 2008

M. Youcef Yousfi, ambassadeur, représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, a appelé, au cours de la réunion spéciale du Conseil économique et social de l'organisation des Nations unies (Ecosoc) consacrée à la crise alimentaire mondiale mercredi à New York, à "consacrer dans les faits le droit à l'alimentation comme un des piliers des droits de l'homme". Il indiquera que "la communauté internationale doit soutenir la concrétisation progressive du droit à l'alimentation dans le contexte de la sécurité alimentaire et plus largement de la sécurité humaine" avant d'ajouter que "la priorité immédiate est de nature humanitaire. Elle consiste à nourrir les populations dans le besoin immédiat à travers l'augmentation de l'aide alimentaire aux pays les plus démunis. Parallèlement, les Nations unies doivent aussi explorer des solutions à plus long terme, notamment à travers l'amélioration des productivités". M. Yousfi a également précisé que l'Algérie souscrit à la déclaration faite par Antigua et Barbuda au nom du groupe des 77 et de la Chine, avant d'ajouter qu'aucun pays ne peut sous-estimer ou ignorer les effets de la crise alimentaire sur l'économie mondiale. Il rappellera également qu'avant le déclenchement de la crise alimentaire, "il y avait déjà plus de 850 millions de personnes très mal nourries" et d'ajouter que "la crise actuelle ne fait que contribuer à aggraver le nombre des plus pauvres et, par voie de conséquence, des mal nourris". Abordant l'origine de la crise alimentaire, le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies désigne des facteurs "endogènes et exogènes liés principalement au monopole grandissant qu'exercent certaines entreprises globales sur les produits agricoles de base tels les céréales, le lait, les oléagineux et les semences". "Contrairement à certaines assertions, ce ne sont pas les prix du pétrole qui sont la cause directe de l'augmentation brutale des produits agricoles, même si les coûts de production sont affectés dans une certaine mesure par ceux de l'énergie", affirme M. Yousfi, qui relève que dans les faits les "augmentations, en terme réel, des prix des produits de base, ont été bien supérieures à celles du pétrole". Parmi les causes de cette crise, l'ambassadeur algérien cite notamment "'la baisse de la production agricole dans les pays en développement suite aux politiques agricoles suivies selon la doctrine sévère des avantages comparatifs". M. Yousfi fait remarquer que les politiques suivies selon les doctrines de l'OMC (Organisations Mondiale du Commerce) et des organisations financières internationales "ont eu des impacts considérables sur les cultures vivrières et l'agriculture locale qui ont été abandonnées ou orientées vers des cultures spéculatives". Il a également exprimé le souhait de l'Algérie de voir les efforts coordonnés du système des Nations unies et des institutions financières et commerciales internationales en mesure de contribuer à la résolution de cette crise. "Des mesures ont été d'ores et déjà prises à titre unilatéral par les Etats touchés pour éviter les répercussions de cette crise. Ces mesures devraient être accompagnées sur le plan international par des actions soutenues qui devraient porter sur le court et le long terme", souligne M. Yousfi. L'ambassadeur algérien relève dans ce sillage la nécessité d'une "coordination étroite pour assurer les complémentarités entre les politiques nationales et internationales relatives aux productions agricoles de large consommation pour réduire l'impact de la crise".
L'ONU demande le gel des investissements et des subventions
Pour sa part, le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation Olivier de Schutter, a demandé, jeudi, devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le gel des investissements et des subventions en faveur de la production de biocarburants. M. de Schutter a succédé au début du mois au précédent rapporteur sur le droit à l'alimentation, le Suisse Jean Ziegler, qui avait qualifié la politique en faveur des bio-carburants de "crime contre l'humanité". Le nouveau rapporteur a lui aussi estimé que les biocarburants sont "un facteur de poids" contribuant à la hausse des prix des aliments en occupant des terres arables qui pourraient être consacrées à des cultures vivrières. Cent millions d'hectares seraient nécessaires pour produire 5% des carburants en 2015, et cela "est tout simplement insupportable", a déclaré M. de Schutter. Il a qualifié d' "irréalistes" les objectifs des Etats-Unis de 36 milliards de gallons (136 milliards de litres) de biocarburants pour 2022, et de l'Union européenne de 10% de biocarburants pour les transports en 2020. "En abandonnant (ces objectifs), nous enverrions un signal fort aux marchés que le prix des récoltes de denrées alimentaires ne va pas monter indéfiniment, décourageant ainsi la spéculation", a-t-il dit. Il faut dire que, selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les prix des denrées alimentaires vont rester élevés en 2008, entraînant une augmentation de la facture des importations alimentaires des pays à faible revenu et à déficit de cultures vivrières à 169 milliards de dollars (+40% par rapport à 2007). La FAO, qui relève une production mondiale record cette année, note toutefois qu'"il faut que la production de denrées augmente de 50% d'ici à 2030", pour éviter une aggravation de la faim dans le monde, invitant les Etats et les institutions internationales à "augmenter leurs investissements dans l'agriculture afin d'améliorer la productivité". Les dernières prévisions de la FAO font état d'une production céréalière mondiale proche de 2,2 milliards de tonnes en 2008, soit une hausse de 3,8% par rapport à 2007. "En dépit de ces niveaux de production exceptionnels pour presque toutes les cultures, y compris pour le riz, les cours restent élevés et la volatilité des prix ne devrait pas s'atténuer", écrit la FAO dans ses "Perspectives". Selon une économiste à la FAO, "les cours des céréales se sont stabilisés durant les premiers mois de l'année, mais à un niveau très élevé, les prix ayant augmenté de 53% par rapport à début 2007".


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