Aujourd'hui, les Scouts musulmans algériens (SMA) sont devenus une organisation nationale d'utilité publique forte d'un effectif de 85 000 adhérents avec des prévisions de 150 000 scouts pour 2008, couvrant les 48 wilayas du pays. De par leur philosophie et les objectifs qu'ils se sont assignés, les SMA se sont lancés au cœur des inquiétudes et des maux de la société tels que le phénomène des harraga, la consommation de drogue, la criminalité, le sida ou l'analphabétisme pour l'en soulager. Lors de la 20e session du conseil national des SMA, tenue les 27 et 28 février 2008, un débat intense a été consacré au phénomène des harraga. Les chefs scouts ont préconisé l'ouverture d'un espace de communication de proximité avec les jeunes pour les sensibiliser aux risques et à la menace que les harraga engendrent sur eux-mêmes ou leurs familles. Vient par la suite un travail d'orientation qui nécessite l'intervention de plusieurs structures gouvernementales et non gouvernementales. Il s'agit d'aider les jeunes en ouvrant les portes de l'administration, à commencer par la commune, et changer les modes de recrutement des jeunes dans le monde de travail. « On exige d'un jeune chômeur une expérience de 10 ans, alors qu'il vient juste de terminer ses études. Où va-t-il acquérir cette expérience ? », s'interroge le commandant général des SMA, Noureddine Benbraham, rencontré au siège de l'organisation à Alger. Les SMA plaident, en outre, pour le renforcement des services de proximité en faveur des jeunes tels que le tourisme, les espaces forestiers, les aires de jeu, la récréation et l'encouragement de la pratique sportive. M. Benbraham souligne que « le danger réside dans ces masses de jeunes non structurés qui peuvent devenir candidats à l'émigration clandestine, la violence ou au terrorisme ». Le travail de communication vise à forger le jeune sur un bon comportement qui relève d'un bon raisonnement. Les SMA saisissent également la période des vacances scolaires pour faire des campagnes de sensibilisation qui portent sur l'éducation, le rôle de la famille et des traditions. Les SMA suggèrent une réforme des structures de proximité comme les maisons de jeunes, en s'attelant à de nouveaux programmes et une nouvelle compréhension des jeunes. En un mot, éclairer les jeunes sur les voies et moyens d'un comportement responsable et citoyen. Immuniser contre les fléaux sociaux Un autre fléau est au centre de l'action des SMA : la consommation de la drogue. L'organisation a élaboré un programme éducatif portant sur les dangers qui proviennent de la consommation de la drogue pour immuniser les scouts et les jeunes en général. Ainsi, des campagnes contre la toxicomanie sont organisées en partenariat avec l'Office national de lutte contre la toxicomanie. Récemment, à Alger, de jeunes adolescents, accompagnés de leurs parents, ont été invités à un forum de débat pour s'exprimer sur leur vie sentimentale et émotionnelle et dire ce qu'ils pensent des effets ravageurs de la drogue. D'autres campagnes de sensibilisation sont organisées dans les wilayas de l'intérieur du pays avec le soutien des services de sécurité et les P/APC. A partir du 31 mars 2008, deux campagnes de lutte contre le sida et la toxicomanie ciblent la wilaya de Tamanrasset. Un autre travail s'effectue au niveau des lycées où des jeunes âgés entre 16 et 19 ans sont invités à s'exprimer sur les dangers de la consommation de la drogue. « Il faut donner une conscience à ces jeunes en proie à toutes les tentations », explique M. Benbraham. Les SMA, en partenariat avec l'Office national de lutte contre la toxicomanie, organiseront le 27 mai prochain une campagne de sensibilisation qui tend à s'installer dans la durée. M. Benbraham explique : « On cherche à développer un comportement responsable et clair chez les jeunes, en s'appuyant sur des supports religieux, social, familial et économique que le jeune doit avoir comme background. » Les SMA consacrent, en outre, un programme riche pour endiguer le développement de la criminalité, notamment contre la petite enfance. Un projet lancé depuis 2006 avec la direction de l'administration pénitentiaire porte sur la réinsertion des mineurs incarcérés. Il consiste à organiser des activités culturelles, religieuses et nationales à l'intérieur des prisons. Ou, à l'inverse, sortir le mineur de la prison pour qu'il participe dans des campagnes d'intérêt public, des camps d'été ou les fêtes de l'Aïd, du Mawlid ou les fêtes nationales. 48 conférences de wilaya sur la réinsertion des mineurs sont au menu des SMA, alors qu'un 5e camp d'été sera tenu à Ténès. Les SMA ont pu installer 8 centres de réinsertion des mineurs dont ceux d'El Harrach, Sétif, Oran, Mostaganem, Médéa, Blida. « Après avoir purgé sa peine, le mineur peut intégrer les scouts ou s'insérer dans la société », explique le commandant des SMA. Loin d'être une sinécure, ce travail a nécessité la collaboration des ONG internationales à l'instar de l'Unicef qui assure une formation des chefs scouts en matière de réinsertion carcérale, sans omettre la contribution précieuse des experts étrangers dont des Belges et Anglais. En outre, la lutte contre l'analphabétisme occupe une place nodale dans le programme des SMA. Un programme qui se veut plus méthodique et plus large. Les SMA couvrent aujourd'hui 24 wilayas et se fixent comme objectif de former 13 500 enfants analphabètes. Chaque groupe de 30 enfants est encadré par un enseignant scout permanent. En termes de formation, une première rencontre nationale des cadets des SMA a démarré le 19 mars 2008 à Alger avec la participation de près de 200 jeunes scouts de 43 wilayas. Le thème principal de cette rencontre s'articule autour de l'environnement et de la contribution des enfants à sa préservation. Les participants à cette rencontre ont débattu de plusieurs thèmes relatifs à l'environnement de leur rêve, pour voir comment ils peuvent contribuer à sa préservation à l'école, à la maison ou au sein des troupes SMA. Des campagnes de plantation d'arbres ont également été prévues au village africain à Sidi Fredj (Alger).