Trois délégués du Comité national pour la sauvegarde du Parc national d'El Kala (CNSPNEK) ont été reçus pendant près d'une heure, mercredi 29 avril, par Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement. El Tarf. De notre correspondant Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, et Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, ont assisté à l'entrevue. « Nous avons été surpris, car nous ne nous attendions plus à être reçus et nous avions même pris la décision de franchir ce passage obligé des échelons de l'Etat. » La demande d'audience a en effet été déposée au début du mois d'avril après que le ministre des Travaux publics eut désigné le chef du gouvernement comme étant à l'origine de la décision de lancer les travaux dans le parc. Le chef du gouvernement n'a pas tenu compte des arguments exposés par les membres du comité. A plusieurs reprises, ils ont dû rappeler qu'ils ne sont pas opposés au projet d'autoroute, mais seulement au tronçon, et que c'est la loi qui dicte leur conduite. C'est donc la loi qui s'oppose au passage du tronçon. Même la lecture à haute voix du texte en question n'a pas réussi à convaincre le chef du gouvernement, ont rapporté nos interlocuteurs. M. Belkhadem a loué les avantages économiques, sociaux et même environnementaux, nationaux et régionaux de l'autoroute. Ce que ne contestent pas les écologistes, mais ils ont fait savoir qu'il se trouve qu'il y a un parc national, institution de l'Etat algérien, dont les missions sont de protéger un inestimable patrimoine naturel. « Imaginez l'autoroute traversant les ruines de Timgad ? », ont demandé les « écolos ». A la transgression de la loi vient s'ajouter maintenant, avec les travaux en cours, le fait accompli. Les pouvoirs publics n'ont pas tenu compte des alertes et cela mène à une situation plus compliquée. Le chef du gouvernement propose de régler le différend dans le cadre de l'Observatoire pour le contrôle et le suivi de la gestion environnementale de l'autoroute installé la semaine dernière spécialement pour El Tarf, dira M. Belkhadem, alors que le ministre des Travaux publics se défendait d'avoir mis en place une structure conjoncturelle. Pour le comité, le législateur a déjà tout prévu avec une loi qui proscrit le passage d'une voie à grande circulation. La référence obstinée aux textes a été interprétée par le chef du gouvernement comme une lecture particulière de la loi. Les pouvoirs publics ont en une autre et pour en avoir le cœur net, le chef du gouvernement fera examiner de plus près le dossier qui lui a été remis. En abordant la question du contournement du parc national qui, pour les membres du comité, est la solution idoine pour avoir à la fois un parc digne de ce nom et une autoroute qui aura su relever son prestige et celui du pays en évitant ce sanctuaire de la biodiversité, les écolos se sont vu signifier un refus net d'envisager cette alternative « plus longue et plus coûteuse », selon le chef du gouvernement. La lecture à haute voix de la loi de l'environnement et son principe de substitution, qui fait obligation d'opter pour l'alternative qui protège l'environnement même si elle plus coûteuse, n'a pas fait plier le chef du gouvernement. Ce dialogue de sourds est en principe à l'avantage des défenseurs du parc car si, comme le place le chef du gouvernement, le conflit a pour origine une interprétation de la loi, la question est d'ores et déjà réglée. L'arbitrage du président de la République, auquel compte s'adresser le comité, ne peut aller que dans le sens de l'application des lois, à moins que…