Deux journalistes et un photographe du quotidien indépendant El Watan ont été distingués. Le prix Omar Ouartilane, décerné par le quotidien El Khabar, a été attribué cette année à deux journalistes, l'un du quotidien El Khabar et l'autre à notre reporter Mustapha Benfodil pour l'ensemble de ses écrits et la qualité de ses reportages. On lui reconnaît sa capacité à récolter l'information sur le terrain là où elle se trouve mais surtout à la mettre en scène tout en recréant l'atmosphère qui y régnait. Il utilise abondamment les descriptions qui permettent aux lecteurs de se construire une image de la situation. Ce journaliste se transforme souvent en « romancier du réel ». Il porte sa plume dans les plaies des uns et immortalise des moments de joie chez d'autres. Nora Boudedja a eu le deuxième prix du concours lancé par le ministère de la Communication et ayant pour thème la jeunesse algérienne. Elle a su décrire avec réalisme et émotion la désillusion des jeunes Algériens qui circulent avec des faux papiers sous le ciel gris de Londres. Au commencement était le grand rêve qui vire au cauchemar et le paradis promis se transforme en descente aux enfers loin de la famille, des copains et des senteurs du pays. Notre photographe Souhil Baghdadi a obtenu le premier prix de la photo du même concours en proposant une image des harraga parue le 13 mars dernier à la une d'El Watan : nous y voyons des jeunes repêchés, sur un navire de la marine, recouverts de couverture. Souhil a dévoilé par cette image des jeunes à l'esprit troublé en proie à une désorientation générale qui bravent la mort pour atteindre « la terre promise européenne » dans une barque de fortune. Cette photo poignante montre toute la souffrance que peuvent connaître les harraga qui s'en vont braver mille dangers pour rejoindre l'inconnu. Un témoignage d'un pan d'une jeunesse algérienne ébranlée dans ses certitudes et qui ne trouve plus sa place entre réformes, discours contradictoires et une mondialistation qui ne fait aucun cadeau. Le reportage écrit ou photographique retrouve ainsi une sorte de reconnaissance au-delà de toute vision partisane ou idéologique et des discours dominants.